Guillaume Bourdon : « Un billet de banque froissé a toujours la même valeur. Un entrepreneru blessé, c'est pareil (...) Second souffle veut s'appuyer sur des entrepreneurs solidaires, humbles et responsables."
L'association Second Souffle, présidée par Guillaume Bourdon, organise le 17 octobre prochain une manifestation à l'intention des entrepreneurs en difficulté : « 24 heures pour rebondir ».
Guillaume Bourdon se souvient du 12 mai 2012 comme si c’était hier. Ce jour-là, il sort lessivé du tribunal de commerce. K.-O. debout. Sans plus rien : après un dépôt de bilan, il a perdu son entreprise et toute sa confiance en lui. Il se retrouve seul, à devoir régler des dettes qui vont courir pendant des années. Après des semaines à s’être fait envoyer dans les cordes par un administrateur judiciaire « odieux », le traumatisme est énorme. « Personne n’est préparé à affronter ce genre de situation. La solitude du looser, un terme qu’on vous a violemment accolé, est immense. » Après des jours (des semaines ?) d’errance, Guillaume Bourdon prend contact avec une structure créée peu de temps auparavant. Pour échanger. Parler. Il s'agit de Second Souffle, une association dont il va rapidement devenir le représentant lyonnais, « pour préparer les autres, ces chefs d’entreprise qui, un jour, seront confrontés à la même situation. » Et il y en a beaucoup. Car si les start-up en herbe et autres créateurs d’entreprise sont encensés à longueur de colonnes dans les magazines, leur chute est le plus souvent ignorée, à l’ombre d’une actualité plus glorieuse.
Intervenir avant la faillite
Alors qu’une autre association, 60.000 Rebonds (présidée en Auvergne-Rhône-Alpes par Guillaume Mulliez), aide les entrepreneurs cabossés à se relever après une cessation brutale d’activité, Second Souffle veut se concentrer sur la période de pré-dépôt de bilan. Quand il est encore temps de sauver les meubles, de s’arrêter en conscience en se préparant à la suite. C’est une période difficile, un moment où il faudrait s’ouvrir, se faire aider, alors que la honte pousse le dirigeant à se renfermer, à se battre jusqu’au bout. Seul dans le tourbillon. Jusqu’à la chute. « L’objectif est que l’entrepreneur nous contacte le plus tôt possible, sans attendre que la situation se dégrade davantage. Nous lui proposons de l’épauler avec deux de nos adhérents qui s’engagent à le rencontrer au moins trois fois et à le guider rapidement vers des experts. Le suivi, gratuit, peut être plus ou moins long », explique Guillaume Bourdon.
Le symbole de l'antilope
En trois ans, l’association a réalisé, en région lyonnaise, une centaine d’accompagnements d’entrepreneurs en difficulté, grâce à 40 adhérents, entrepreneurs eux-mêmes, des antilopes (l’animal devenu le symbole de l’association) comme elle les qualifie : agiles et fragiles à la fois, individualiste mais vivant en meute, jamais à l’abri d’un lion. Second Souffle prépare une manifestation de sensibilisation, le 17 octobre prochain : « 24 heures pour rebondir » attend 300 personnes autour d’un village et devant des experts et conférenciers aux profils originaux : aventuriers, philosophes, thérapeutes…L’idée ? Convaincre les entrepreneurs de rompre leur solitude, et réunir des pairs pour leur permettre de tisser leur toile, de partager leurs expériences, leurs émotions, leurs réussites et leurs échecs, leurs peurs et leurs joies. Parce qu’entreprendre, c’est aussi tomber, parfois. Et l’important, c’est de pouvoir rebondir.
Cet article a été publié dans le numéro 2375 de Bref Eco.