Charles de La Verpillière, président du SIEA.
La construction du réseau public de fibre optique de l'Ain, dénommé Li@in, est engagée depuis 2007 par le syndicat intecommunal de l'énergie et de l'e-communication (SIEA). Son objectif : desservir les 393 communes, rurales principalement, non couvertes par le réseau d'Orange lequel doit, quant à lui, « fibrer » 15 communes parmi lesquelles figurent Bourg-en-Bresse, Oyonnax, Ambérieu-en-Bugey.
Li@in relie à ce jour 201 communes totalement ou partiellement, soit un potentiel de 74 000 prises raccordables. Le nombre d'abonnés à la fibre via SFR, des petits fournisseurs d'accès (plus d'une vingtaine) et Orange, s'élève à 27 000.
Remise en question
Le réseau public n'est pas encore à moitié construit qu'il fait l'objet d'une sérieuse remise en question. Raison principale : son coût faramineux. Sa construction avait été évaluée en 2007 à 450 millions d'euros hors remboursement du capital des emprunts. Le SIEA a dû le mettre aux normes du réseau d'Orange et ajouter 37 500 habitations nouvelles à « fibrer » à son plan de charge. Au total, des dépenses supplémentaires pour 127 M€, faisant passer le coût de Li@in à 577 M€ ! Un investissement de 216 M€ a déjà été réalisé. Par emprunt essentiellement. Dans un récent rapport, la Chambre Régionale des Comptes a pointé la grande fragilité financière du SIEA dont l'endettement atteint 188 M€. Le président du SIEA, Charles de La Verpillière, a présenté à l'assemblée générale un plan de « consolidation » financière. Il prévoit d'augmenter de manière conséquente la contribution des communes. Mais les maires ne l'entendent pas de cette oreille en cette période de disette des concours de l'Etat.
Projet de S.E.M.
Le salut du réseau public de fibre optique viendra plus vraisemblablement des collectivités territoriales, les intercommunalités (EPCI) de l'Ain, le Conseil départemental et le Conseil régional Auvergne Rhône-Alpes. Les EPCI et le Département ont accepté de garantir les nouveaux emprunts souscrits cette année pour poursuivre le déploiement du réseau. Et avec la Région, ils travaillent à la constitution d'une société d'économie mixte, qui deviendrait le véritable maître d'ouvrage de Li@in, le SIEA devenant simple exécutant. Toutefois, avant d'aller plus en avant, ces partenaires ont confié un audit au cabinet EY sur la stratégie, les finances, et le choix technique employé. Du côté des grands élus (Département, Région, et Communauté d'agglomération de Bourg-en-Bresse notamment), on n'est plus vraiment certain qu'équiper des petites communes isolées en fibre optique soit nécessaire ou prioritaire.