Pierre-Antoine Rouer (à gauche) confie la direction opérationnelle de F2A à Jean-Philippe Margrita.
A 2.500 km de Moscou, au-delà du cercle polaire, là où il fait nuit noire deux mois par an et où la température descend à - 50°C en hiver, un gigantesque chantier a permis à une entreprise de l'Ain de briller sur la scène internationale.
Ce chantier sibérien qui a duré quatre ans, employait, à ses heures les plus actives, plus de 20.000 personnes. Pour construire l’une des plus grandes usines de liquéfaction de gaz naturel au monde, dans cette région russe totalement isolée, il aura fallu construire de toutes pièces… un port et un aéroport ! Et une flotte de quinze énormes méthaniers brise-glace (300 m de long et 50 m de large) chargés d’acheminer le gaz en Europe et en Asie, à n’importe quelle saison, au cours des prochaines décennies.
Inauguré par Vladimir Poutine en décembre dernier, le projet Yamal aura coûté 23 milliards d’euros, payé par un consortium dont le groupe Total fait partie.
Des appareils à concevoir pour des conditions extrêmes
Une société aurhalpine, F2A, peut s’enorgueillir d’avoir participé à la construction de cette plateforme gazière hors du commun. Elle fabrique des équipements de traitement de l’air et des systèmes de ventilation pour les tunnels, les usines, l’immobilier, les salles blanches et les labos, la marine ou le nucléaire.
Selon son dirigeant Pierre-Antoine Rouer, c’est la réactivité et le savoir-faire de ses équipes qui ont fait la différence, lui permettant de remporter un contrat majeur (10 millions d’euros). La commande portait sur 3.500 pièces (clapets anti-retour, registres, grilles) et a mobilisé une équipe d’ingénierie et de production d’une dizaine de personnes pendant deux ans.
Tests en chambre froide, résistance au vent, à la neige et à un environnement très corrosif... si l’on ajoute des réglementations russes sévères, la conformité aux normes Atex (atmosphère potentiellement explosive) et une documentation sur chaque produit en vue de leur maintenance à long terme : on comprend le haut niveau du challenge relevé par la société de l’Ain.
Un chantier devenu une référence majeure
Le contrat russe constitue pour elle une référence majeure qui devrait lui permettre de changer de braquet. « Il y a un avant-Yamal et un après-Yamal ; ce marché va nous ouvrir de nouvelles opportunités commerciales », affirme Pierre-Antoine Rouer qui estime que l’export représentera bientôt 25 % du chiffre d’affaires de F2A (15 à 20 % aujourd’hui).
Les ambitions de la société pourront d’ailleurs s’appuyer, dès cet été, sur un outil industriel renforcé : son site industriel de Dagneux passera de 2.500 m² à 3.600 m², tandis qu’un nouveau siège social sera inauguré à Béligneux. Ce n’est pas le seul changement en cours : Pierre-Antoine Rouer (62 ans), qui avait racheté l’entreprise en 2001, vient de nommer Jean-Philippe Margrita (51 ans) à la direction générale. Il conserve quant à lui la présidence non opérationnelle du groupe.
CARTE D'IDENTITÉ
Effectif : 160 salariés
CA 2017 : 24 millions d'euros
Actionnariat : Pierre-Antoine Rouer 53 %, Siparex 30 %, management 17 %.
Sites industriels : Dagneux (Ain), Laigle (Normandie ; 60 pers.), Tunisie (30 pers. ; textile).
Références : Philharmonie de Paris, Hôpital des Pays de Savoie (Annemasse), métros du Caire et d’Alger, tunnel sous la Manche, EPR de Flamanville, Sanofi Pasteur, Airbus, Michelin...
Cet article a été publié dans le numéro 2325 de Bref Eco.