Le centre d’excellence d’Allergan, à Pringy (Haute-Savoie) : des millions de seringues sont remplies automatiquement puis contrôlées par caméras et traitement d’image. Le groupe a annoncé un investissement de 48 M€ sur ce site.
Lucien Fortunati
Après l’agriculture, l’industrie. A peine la plus grande ferme de France a-t-elle quitté la Porte de Versailles que la plus grande usine de l’Hexagone ouvre ses portes à Lyon.
Avec Global Industrie, ses 2.500 exposants et 45.000 visiteurs attendus sur quatre salons simultanés (Midest, Smart Industries, Tolexpo, Industrie), Eurexpo réunit du 5 au 8 mars tout l’écosystème industriel français. L’événement sera-t-il le symbole que tout le monde attend, celui d’une industrie nationale qui relève la tête ? Le 30 janvier dernier, Philippe Varin, président de France Industrie, dressait devant la commission économique du Sénat un tableau mi-figue mi-raisin de la situation industrielle française. « Le déclin est enrayé mais la situation reste fragile. »
Retour d'une spirale positive
Après dix années d’affaiblissement (-10 %), la production manufacturière est repartie à la hausse en 2017 et 2018 (+3 % environ), réenclenchant une spirale positive : création nette d’emplois (15.000 en 2017 et solde positif en 2018), davantage de sites créés que de fermetures, attractivité de la France en hausse. Seul point noir : une balance commerciale qui ne sort pas du rouge (- 64 milliards d’euros depuis deux ans). Pas de quoi pavoiser donc pour un secteur qui ne pèse plus que 12,4 % du PIB (19 % en Europe), mais des raisons de croire à un rebond. A une condition, comme le dit Philippe Varin : « Nous devons remettre l’usine au centre du village. L’industrie est une réponse à l’angoisse de l’exclusion sociale, un levier de sens pour la jeunesse, une solution aux inégalités entre métropoles et territoires ruraux. »
Les jeunes sont attendus
Capteurs communicants, systèmes de vision, maintenance prédictive, robotisation, mécatronique, réalité virtuelle, big data, fabrication additive, meilleure gestion des consommations d’énergie et d’eau, etc. : la numérisation tous azimuts constitue une opportunité historique de reconquête pour l’industrie française. Un virage qui, par ailleurs, lui donne un autre visage, une image plus positive, avec des nouveaux métiers moins salissants, moins physiques, plus attractifs et valorisants.
Même la classe politique semble enfin sensible à la cause : plusieurs ministres sont attendus à Global Industrie 2019. Les jeunes seront eux aussi accueillis avec bienveillance par des industriels qui ont du mal à recruter. Pour eux, plusieurs événements ont été organisés par les fédérations : une vraie usine connectée, un campus dédié à l’emploi, un spectaculaire Robotics show… Deux philosophes, Luc Ferry et Raphaël Enthoven, viendront même échanger ! Fin novembre, l’indéniable succès populaire qu’a remporté le Grand Palais de Paris et son Usine Extraordinaire aurait-il constitué un déclic ? Dans la première région industrielle du pays (500.000 emplois en Auvergne-Rhône-Alpes, soit 10 % de plus qu’en Ile-de-France), Global Industrie veut enfoncer le clou.
Cet article a été publié dans le numéro 2361 de Bref Eco.