April, qui fête cette année son 25ème anniversaire, fait indéniablement partie des success stories régionales. Parti de rien, ou plutôt d’une idée, le groupe emploie aujourd’hui près de 4 000 personnes. A sa tête, son fondateur Bruno Rousset incarne l’histoire et les valeurs de ce courtier grossiste en assurances qui, depuis Lyon, s’est fait une vraie place dans l’Hexagone.
En 1988, la création d’April est un coup de pied dans la fourmilière d’un métier “assez poussiéreux”, se souvient Bruno Rousset, âgé alors de 32 ans. A tel point que le monde feutré de l’assurance regarde de travers ce trublion qui propose des contrats d’assurance plus simples, plus clairs et prétend rendre un service plus respectueux des clients. La qualité de l’accueil, par exemple, est d’emblée une priorité absolue. La confiance, entre les collaborateurs comme vis-à-vis des clients, en est une autre. Modèle innovant dans un métier traditionnel. La société, qui aime se qualifier de concepteur et architecte d’assurances, franchira allègrement les étapes par la diversification de son offre (santé, prévoyance, vie...) et les rachats de cabinets de courtage. C’est ainsi qu’April Group est devenu une constellation de 45 filiales, à taille humaine, permettant souplesse et responsabilisation des équipes. Et c’est l’une des missions de l’Université interne, créée en 2002, que de leur insuffler une même culture d’entreprise.
La culture d’April ? Elle passe invariablement par la responsabilité sociétale, inscrite dans ses gènes. “Depuis toujours, nos budgets de formation sont très élevés. Et nous avons dès le départ recruté au sein des franges sociales défavorisées”. Bruno Rousset, qui affirme détester le “social washing”, estime poursuivre ainsi le métier d’assureur, “organisateur de solidarité” par nature.
Eternel optimiste, le patron d’April Group ! Lui qui vilipende les “financiers irresponsables” et la “dictature économique du court terme” (1), refuse de se laisser submerger par la récente catastrophe à l’origine d’un millier de morts dans un atelier de confection au Bangladesh. “C’est un drame immense, oui. Mais le Bangladesh, c’est aussi le pays de Muhammad Yunus, le père du micro-crédit. On y voit beaucoup d’initiatives sociales et économiques positives. Il faut s’y référer pour avancer ; sinon, on se décourage et on ne fait plus rien”. De même, il se réjouit de voir l’entrepreneuriat progresser en France. “Entrepreneur ? Tout le monde peut le devenir. Le management sera différent selon notre histoire personnelle, le contexte, etc. Mais il n’y a pas de profil type d’entrepreneur. Un exemple : Evolem, notre société de capital-investissement, a pris une participation dans Sodikart, leader mondial du karting créé par un instituteur !”
Entamée il y a quelques années, l’internationalisation d’April constitue l’un des challenges du moment. “Nous sommes implantés en Amérique, en Europe et en Asie. Mais de 20 % aujourd’hui, l’international doit passer à 50 % d’ici 2020”. La voie de l’avenir est tracée : aller chercher la croissance là où elle est.
Didier Durand
(1) “Empreintes sociales”, éd. Odile Jacob, mai 2011.
Photo : ©Grégory Picout. Bruno Rousset, fondateur d'April.
Bref Rhône-Alpes n° 2123 du 19/06/2013
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