Première région industrielle française, Rhône-Alpes ne disposait pas d’outils ou de lieu de réflexion consacré aux problématiques industrielles. C’est désormais chose faite, à l’initiative du Ceser*, avec la création de l’Institut Confluences** qui entend "penser et valoriser l’industrie".
Entre octobre 2009 et février 2010, un vent d’espoir avait soufflé avec l’organisation, à l’initiative du Président de la République, des premiers Etats généraux de l’Industrie. En Rhône-Alpes, plus qu’ailleurs, avec la présence de Christine Lagarde, alors ministre de l’Economie, les acteurs économiques et politiques avaient particulièrement suivi cette croisade pour l’industrie qui visait à "redéfinir et renforcer la politique industrielle de la France, en accompagnant, au-delà de la crise actuelle, nos industries vers les marchés durablement porteurs de croissance et d’emploi". C’est pour ne pas en rester là et poursuivre le travail de mobilisation amorcé par ces Etats généraux que le Ceser a souhaité doter la région d’un organisme indépendant fait pour "Penser et valoriser l’industrie : une volonté en Rhône-Alpes". "Nous avons la conviction qu’il ne peut pas y avoir de développement économique sans industrie", affirme d’emblée Bruno Lacroix, président du Ceser et lui-même patron d’industrie. "Pourtant, dans la première région industrielle de France, nous connaissons peu l’industrie. Nous avons des données de toutes parts, mais nous ne les analysons pas !" Sans parler "du désintérêt, voire du désamour de nos concitoyens, en particuliers des jeunes, vis-à-vis de l’industrie".
C’est en partant de ce constat qu’un comité de pilotage, dirigé par Jean-Yves le Cam, patron des Teintureries de Turdine (Tarare) et constitué de membres du Ceser et de membres extérieurs (CCI, branches professionnelles, Banque de France, Arc 8, etc.), a travaillé à définir les contours de ce think tank qui s’est donné trois orientations : d’abord, être un catalyseur, "une manufacture d’idées", en "valorisant et diffusant les travaux de recherche relatifs à l’industrie" ; ensuite, l’Institut veut soutenir et labelliser des initiatives portées par des lycées, universités, écoles, entreprises, pôles de compétitivité, syndicats, branches professionnelles, etc. Le premier événement labellisé "Institut Confluences" a eu lieu, le 10 novembre dernier à Lyon dans le cadre des Journées de l’Economie. Il s’agissait d’une conférence ayant pour thème "Quelles démarches pour valoriser l’industrie en Rhône-Alpes, dans d’autres régions françaises, d’Europe et du monde ?" ; enfin, l’Institut entend organiser une "mise en réseau ciblé". D’abord à destination du monde de la recherche en animant un réseau rhônalpin de chercheurs et d’enseignants, allant même jusqu’à soutenir des projets de recherche. Puis à destination du monde de la formation, où il pourra par exemple animer des groupes de travail sur des thèmes tels que "métiers et attractivité de l’industrie", etc.
Vaste mission donc pour cet organisme indépendant qui pourrait être abrité au sein de la Fondation Bullukian. "L’Institut Confluences devra contribuer à la constitution d’un projet industriel à l’échelle régionale, afin de renforcer la compétitivité des entreprises et des territoires", insiste Bruno Lacroix qui veut aussi doter l’Institut d’un comité scientifique composé "de personnalités de renom".
Hasard du calendrier. Quelques jours après le lancement officiel de l’Institut Confluences, quatre grands industriels français, avec à leur tête Louis Gallois comme président, lançait aussi leur think tank baptisé la Fabrique de l’industrie !
Corinne Delisle
* Conseil économique, social et environnemental régional.
** L’Institut Confluences vise un financement public / privé et prévoit de démarrer en 2012 avec un budget de 250 000 euros.
Magazine Entreprises Rhône-Alpes (N° 1507 – Nov./Déc. 2011)
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