Eric Vergne : « L’industrie doit profiter de la révolution numérique. »
Fabricant d’ensembles modulaires réalisés à partir de profilés aluminium et concepteur de convoyeurs industriels, Elcom innove, s'internationalise, se digitalise. Son patron croit au potentiel de réindustrialisation de la France.
L’industrie française a-t-elle un avenir ? La question fait réagir Eric Vergne au quart de tour. « Pendant quinze ans, on nous a fait croire que la France devait se développer sans industrie, sans usines. Cette idée a été maintes fois reprise dans la sphère politique et par certains grands patrons. C’est une erreur fondamentale. On commence à s’en rendre compte. »
A la tête de la société Elcom, qu’il a rachetée en 2011 (1) après avoir été directeur d’une société de plasturgie, Eric Vergne en est persuadé : non, il n’est pas trop tard… Si les entreprises savent profiter d’au moins deux opportunités : la révolution numérique (« une chance majeure ») et l’internationalisation.
L’Allemagne, premier marché industriel européen
Fabricant d’ensembles modulaires (châssis, mobilier industriel, carters de machines spéciales) réalisés à partir de profilés aluminium, également concepteur de convoyeurs industriels pour des chaînes de montage ou de transfert, la société a racheté en 2013 son distributeur allemand. Ambitieux. Il faut dire que l’Allemagne est le premier marché industriel européen et qu’elle constitue donc pour Elcom un débouché potentiel de première importance.
Quatre ans plus tard, la petite filiale (8 personnes) apporte beaucoup à sa maison mère. Des clients, certes, mais pas seulement. « Ce pays est un booster d’innovation pour nous. Les Allemands sont extrêmement exigeants en qualité. Mais nous, les Français, pouvons leur apporter une créativité et une souplesse qu’ils n’ont pas toujours, des solutions dont l’entreprise profitera dans son ensemble. » Comme ce système transitique (logistique interne) dix fois moins consommateur d’énergie que les autres.
La société iséroise a d’ailleurs créé la marque Elcom Greentech, destinée à « verdir » son offre de produits. Elle a été appliquée à un convoyeur de plantes conçu avec l’Insa de Lyon (pour la recherche agronomique), à un équipement de transitique pour la production de panneaux photovoltaïques réalisé avec le CEA, les sociétés ECM et ARaymond, ou encore à un sas pour la maintenance de centrales nucléaires.
De gros investissements pour la numérisation de l'entreprise
Autre axe prioritaire chez Elcom : la numérisation de l’entreprise, qui représente 150.000 euros d'investissement chaque année. Après l’installation d’un nouvel ERP, la mise au point d’un configurateur permettra bientôt aux clients de concevoir leurs plans et passer leurs commandes directement par Internet. Un accélérateur de croissance : après avoir presque doublé son activité en cinq ans, Elcom vise les 50 millions d’euros en 2020.
Président de l’Udimec de l’Isère (Union des industries métallurgiques et électriques), Eric Vergne veut croire à la réindustrialisation de la France. Et le dire haut et fort, en cette période électorale : « Les investissements industriels reprennent en France, notamment dans le numérique qui peut amener l’industrie française à être plus compétitive. Ne cassons pas cette dynamique. » On devinera ce qu’il pense du projet de taxation des robots…
(1) Propriété de Jérome Pignard et Eric Vergne, Elcom a réalisé en 2016 un chiffre d'affaires de 22,7 millions d'euros dont 26 % à l’international (prochaines étapes : Chine et Etats-Unis) avec un résultat net de 7 %. elle dispose de deux sites de production : Bourgoin-Jallieu (Isère ; 80 salariés ; 6.600 m²) et Frépillon (Val-d’Oise ; 20 salariés ; 1.500 m²).
Cet article a été publié dans le numéro 2282 de Bref Eco.