NFM Technologies affiche un carnet de commandes vide jusqu'en 2019.
Le tribunal de commerce de Lyon a accordé un sursis de quinze jours à l’allemand Mühlhäuser, désormais seul prétendant à la reprise du fabricant de tunneliers NFM Technologies (Villeurbanne) en redressement judiciaire depuis le 2 août.
Le groupe franco-belge Altifort n’a en effet pas donné suite à son projet pour pleinement se consacrer à la reprise de l’aciérie Ascoval dans les Hauts-de-France. Fabricant d’équipements de construction de tunnels, Mühlhäuser a deux semaines supplémentaires pour lever les doutes qui entourent son offre.
Les interrogations des juges portent principalement sur le plan social, sur l’évolution du carnet de commandes et sur la situation financière de NFM Technologies mis à mal par les déboires de son actionnaire chinois, le conglomérat minier et cimentier NHI, lui-même placé en redressement judiciaire en juin.
Une dette de 164,9 millions d'euros
L’entreprise française a fait les frais de la stratégie de repli menée depuis 2015 sous la pression de son actionnaire, qui s’est traduite par des délocalisations et externalisations, ainsi que par l’arrêt de la R & D. NFM Technologies a accumulé des pertes : ses dettes s’élevaient à 164,9 millions d'euros fin 2016 pour un chiffre d’affaires de 65,7 millions d'euros.
Pour l’instant, Mühlhäuser ne reprendrait que 80 des 132 salariés : 40 au siège et au bureau d’études à Villeurbanne (Rhône) et 40 à l’usine du Creusot (Saône-et-Loire). Un nombre insuffisant pour assurer l’avenir industriel du fabricant de tunneliers, selon des cadres de l’entreprise. Le nombre des salariés repris pourrait être revu marginalement à la hausse.
Un carnet de commandes désespérément vide
Une autre incertitude est liée à l’état du carnet de commandes, vide jusqu’en 2019. NFM Technologies n’a décroché aucun marché pour la réalisation du Grand Paris Express, contrairement à son concurrent allemand Herrenknecht qui possède une unité de production en Ardèche. La situation précaire de l’entreprise villeurbannaise n’a pas plaidé en sa faveur.
Le fabricant de tunneliers français est handicapé par l’état de ses finances. En accord avec Bercy, Bpifrance pourrait lui accorder des prêts bancaires. Un ballon d’oxygène dans l’attente de décrocher nouveaux contrats à l’export, de retrouver une compétitivité, de remettre en œuvre une stratégie industrielle et commerciale qui pourrait passer par la fabrication de microtunneliers pour constituer une gamme plus large d’équipements, complémentaire aux périphériques de tunneliers de Mühlhäuser dont la relative petite taille (de l’ordre de 40 M€ de CA) suscite aussi des interrogations sur la viabilité de son projet à moyen terme.