Michel Spagnol a réussi à redresser Novasep.
Nicolas Robin
Appelé à la rescousse en 2013 pour redresser le chimiste d’origine lorraine Novasep, plombé par 300 millions d’euros de dettes et une série de LBO ayant mal tourné, Michel Spagnol, ex-Rhône Poulenc passé par Rhodia, est en passe de réussir la mission qu’on lui avait confiée.
Après avoir cédé des actifs non stratégiques, le groupe a, avec le soutien de ses actionnaires américains, investi lourdement : « Entre 2013 et 2016, nous avons injecté 150 millions d’euros sur nos sites industriels », rappelle le Pdg. Les sites régionaux - Chasse-sur-Rhône pour la chimie à façon et Saint-Maurice-de-Beynost - ont notamment profité de ce plan : « Le site de Chasse-sur-Rhône, qui était en difficulté, a bien redémarré. Il emploie aujourd’hui 230 personnes et vient d’obtenir le renouvellement de la FDA ». Dans le même temps, le ratio de profitabilité est passé de 7 % à 12 %.
Doubler la rentabilité à horizon 2022
Pour le groupe qui vient de lancer son plan stratégique « Rise 2 », « l’objectif est désormais de doubler la rentabilité à horizon 2022 en passant, dans le même temps, de 300 à 400 millions d’euros de chiffre d’affaires », explique l’ingénieur chimiste qui a choisi, dès 2014, d’installer sa base à Lyon, dans le Biodistrict de Gerland. Une façon d’affirmer son positionnement dans les biotechs. Car Michel Spagnol a choisi de replacer le groupe « sur des produits à plus forte valeur ajoutée et des marchés en croissance ». En premier lieu desquels les biotechnologies : « Nous sommes en train d’investir 30 millions d’euros dans notre usine belge pour la spécialiser dans les produits pour la thérapie génique ». Et sur son site historique de Pompey (Meurthe-et-Moselle), ce sont 17 millions d’euros qui sont injectés pour lancer une unité de production d’anticorps monoclonaux en partenariat avec la société GTP Technology. Elle complétera l’unité de bioconjuguaison d’anticorps monoclonaux conjugués (ADCs) opérationnelle depuis 2017 au Mans. En amenant « plus de technologie dans ses offres », Novasep entend ainsi devenir un acteur de référence dans son domaine.
Remettre l’innovation au cœur de la stratégie
Et pour cela, le groupe a décidé de remettre l’innovation au cœur de sa stratégie : « Il fallait sortir du « day to day » et faire de l’innovation ouverte notre fer de lance », explique le Pdg qui s’est doté d’un conseil scientifique. Novasep a ainsi noué des partenariats avec des universités et travaille avec les pôles de compétitivité comme Axelera et Lyonbiopôle. Aujourd’hui « remise sur pied » malgré une dette encore importante à porter qui a été refinancée en 2016, Novasep n’a pas dit son dernier mot ! En 2017, l'entreprise présentait un chiffre d'affaires de 282 millions d'euros (+4 %) pour un Ebitda de 29 millions d'euros avec 1 315 personnes dont 750 en France.
Cet article a été publié dans le numéro 2339 de Bref Eco.