Boehringer Ingelheim emploie 8.000 personnes sur son site historique d'Ingelheim.
Boehringer Ingelheim
Alors que le groupe pharmaceutique allemand Boehringer Ingelheim affiche un chiffre d'affaires en hausse de 4 %, à 17,5 milliards d'euros en 2018, l'activité est plus contrastée en France où la progression n'est que de 1,4 %, la santé animale voyant même son chiffre d'affaires reculer.
En 2018, le groupe familial allemand affiche « une bonne année », selon Michael Schmelmer, membre du directoire en charge des finances du laboratoire qui présentait ses résultats annuels depuis le siège d'Ingelheim, près de Francfort. Si, sur le papier, le chiffre d'affaires consolidé du groupe s'établit en baisse de 3 % par rapport à 2017 (il atteignait 18,1 milliards d'euros), il affiche, une fois corrigé des effets de change et impacts non récurrents résultant de l'échange d'activités avec Sanofi en 2017, une progression de 4 %.
Nous sommes une entreprise en très bonne santé financière
Le résultat d'exploitation atteint ainsi les 3,5 milliards d'euros (-0,4 %) et le bénéfice consolidé après impôts 2,1 milliards d'euros. « En 2018, le taux de profitabilité est passé de 19,3 % à 19,8 % du chiffre d'affaires et notre ratio d'endettement de 38 % à 40 % des capitaux propres. Nous sommes une entreprise en très bonne santé financière, ajoute Michael Schmelmer, ce qui est essentiel pour sauvegarder notre indépendance. »
Le groupe, qui emploie 50.370 personnes dans le monde, a vu ses trois activités progresser : +3,3 % pour la santé humaine à 12,6 milliards d'euros, +5,6 % pour la santé animale à 4 milliards d'euros et + 8,3 % pour l'activité de production biopharmaceutique en sous-traitance. Concernant la santé animale, 2018 a été marquée par la finalisation de l'intégration technique de Merial.
Un niveau d'investissement historique
L'exercice 2018 a par ailleurs été marqué par des investissements de 1,1 milliard d'euros, un niveau historique. Parmi les principaux projets, citons l'extension du centre de production de Vienne en Autriche (180 M€ d'investissement), mais également le nouveau centre international de R & D en vaccins vétérinaires à Saint-Priest (Rhône). Un investissement de 70 millions d'euros dans un bâtiment dernier cri doté d'équipements de pointe.
Nous avons un pipeline de 90 projets en santé humaine
Par ailleurs, le groupe indépendant continue d'investir lourdement en R & D : en 2018, les dépenses ont atteint les 3,2 milliards d'euros (+2,8 %), soit 18,1 % du chiffre d'affaires avec 8.600 personnes. L'entreprise affirme disposer d'un « pipeline bien rempli avec 90 projets en santé humaine. Notre objectif est que 75 % d'entre eux deviennent, soit les premières molécules de leur classe thérapeutique, soit les premières dans un nouveau domaine », affirme Hubertus von Baumbach, le président du Groupe Boehringer Ingelheim.
Ce dernier se focalise sur des domaines thérapeutiques porteurs dans l'oncologie (cancer du poumon, et de l'appareil gastro-intestinal), les maladies fibrotiques et métaboliques (Nash). En immunologie, les recherches portent sur les maladies inflammatoires chroniques de la peau et des intestins. Enfin, d'autres sujets sont à l'étude concernant les maladies du système nerveux central, l'obésité et la rétinopathie.
La France en demi-teinte
Si l'activité du groupe est en forte progression du côté des Etats-Unis, son principal marché avec un chiffre d'affaires de 6,9 milliards d'euros, et en Chine, « une région stratégique pour la croissance future du groupe », la France marque un ralentissement. L'activité y est plus contrastée avec un chiffre d'affaires de 420,7 millions, en hausse de 1,4 %. La santé humaine (236,3 M€) progresse de 3,2 % alors que la division santé animale recule de 1,7 %.
En santé humaine, cette « sous-performance » s’explique par l’impossibilité de mettre sur le marché national certaines gammes de médicaments comme les antidiabétiques. Le groupe annonce ainsi qu’il va « se recentrer sur la médecine de spécialité ». Conséquence de cette année en demi-teinte : le plan social annoncé en décembre 2017 concernant 327 suppressions de postes en France. A l'issue de cette réorganisation, le groupe emploiera environ 2.600 personnes dans l'Hexagone.
Poursuite des investissements à Lyon… et en Europe
Pour autant, le groupe allemand, réaffirme son engagement fort sur la France et plus particulièrement sur la région lyonnaise avec deux lourds investissements à venir : un site de formulation et de remplissage de vaccins aviaires (65 M€) qui sera livré au printemps 2020 et un nouveau centre de production en santé publique vétérinaire à Jonage (200 M€). Ces cinq prochaines années, ce sont 5 milliards d'euros que le groupe a prévu d'investir en Europe où il réalise 30 % de son activité.