Thierry et Franck Colcombet : le caractère familial de l’entreprise a été décisif dans le choix de Daher en faveur de l’entreprise lyonnaise.
Leur rencontre a eu lieu au dernier salon du Bourget. Un an plus tard, l’équipementier aéronautique Tecalemit est en négociations exclusives avec Daher pour le rachat de sa division tuyauterie.
D’ici juillet, les discussions devraient avoir débouché, au nez et à la barbe de candidats américains, et permis à l’entreprise rhodanienne de doubler quasiment de taille. L’opération est symbolique d’une structuration « à la française » réalisée dans une filière stratégique (la défense) au bénéfice d’une entreprise familiale.
Quel chemin parcouru depuis la reprise de Tecalemit par Thierry Colcombet, en 2000 ! De 6 millions d’euros de chiffre d’affaires, la société est passée 30 millions et emploie près de 240 personnes. Equipementier de rang 1, elle livre les grands avionneurs, Ariane ou encore les constructeurs d’hélicoptères.
Des pièces extrêmement sophistiquées
Ici, quand on parle de tuyauterie, il s’agit de pièces extrêmement sophistiquées : formes complexes, matières nobles (inox, titane,...), qualités extrêmes (résistance à la chaleur, aux hautes pressions, …), niveau de sécurité maximal. Qu’ils soient rigides ou souples, les tubes fabriqués par Tecalemit transportent des fluides alimentant les moteurs et autres pièces maîtresses des aéronefs.
S’appuyant sur sa croissance organique mais aussi, déjà, sur des rachats d’entreprises (deux opérations en 2011), la société dispose aujourd’hui de plusieurs usines, outre son siège de Chaponost (50 personnes) : la plus grande à Blois (130 personnes) et deux autres en Tunisie (bientôt 20 personnes) et à Casablanca (40 personnes fin 2018) chargée d’alimenter la filière aéronautique locale (Safran, Airbus…).
D’autres rachats à prévoir
Depuis quelques années, Tecalemit connaît les règles du jeu imposées par les constructeurs : l’obtention d’une taille assez importante pour les rassurer et leur proposer des solutions complètes conçues en collaboration avec leurs bureaux d’études.
Tecalemit, qui a fait entrer à son capital Garibaldi et ACE durant les dernières années, doit donc grossir. Le groupe atteindra près de 60 millions avec la division rachetée à Daher, et vise les 100 millions à trois/cinq ans. Car « cette opération va en déclencher d’autres, c’est clair », affirme Franck Colcombet, le directeur général qui suit la voie tracée par son père Thierry.
La famille, qui financera cette acquisition principalement par endettement, peut aussi compter sur le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Son président Laurent Wauquiez déclarait récemment : « C’est un dossier référence. Nous voulons faire émerger des champions, transformer nos plus belles PME en ETI, afin qu’ils jouent dans la cour des grands. La France ne peut pas compter que sur ses start-up pour créer des emplois. Par ailleurs, la gouvernance familiale de Tecalemit assure une vision de long terme. » Encore plus importante que ses aides, la caution de la Région devrait faciliter la mobilisation des concours bancaires et financiers dont Tecalemit aura besoin dans l’avenir.
Cet article a été publié dans le numéro 2331 de Bref Eco.