En Afrique, Asie et Amérique du Sud, 1,2 milliard de personnes n'ont pas accès à un réseau électrique. Pour pallier ce manque, les populations ont recours à des sources d'énergies inadaptées voire nocives, les lampes à pétrole pour l'éclairage par exemple. Pour toute l'Afrique, on estime le besoin d'énergie électrique à 600 millions de personnes. Or, ces trois continents, et l'Afrique en particulier, jouissent d'un taux d'ensoleillement très élevé.
Ces constats ont poussé Arnaud Chabanne, ingénieur en électricité et titulaire d'un DESS en énergie renouvelable, à créer Lagazel avec son frère Maxence, lui aussi ingénieur et à la tête de la société familiale Chabanne* (Saint-Galmier/Loire). L'ambition de Lagazel est de mettre à la disposition du plus grand nombre des lampes solaires fiables, durables et fabriquées dans le respect de l'environnement, auprès des populations africaines.
Arnaud Chabanne n'en est pas à son coup d'essai, lui qui a passé dix ans de sa vie au Burkina Faso où il a créé, en 2004, la société CB Energie. Pionnière du solaire africain, celle-ci a déjà produit plus de 30 000 lampes solaires dans un atelier employant une trentaine de Burkinabés.
Riche de cette expérience et s'appuyant sur les savoir-faire de Chabanne, Lagazel veut donc aller plus loin, et a co-développé avec le studio de design Novam (Saint-Jean-Bonnefonds/Loire), un modèle de lampes innovantes baptisées Kalo. Celles-ci disposent d'un panneau photovoltaïque et d'une carrosserie en métal. Exposées au soleil la journée, elles permettent d'éclairer toute la nuit, et cela sans faiblir. Certifiées par le programme Lighting Africa de la Banque mondiale, elle se déclinent pour l'heure en deux modèles : la L-Kalo 1500 pour l'éclairage et la L-Kalo 3000 qui éclaire deux fois plus et permet de recharger un portable, le tout proposé entre 10 et 30 euros.
Si, pour commencer, les nouvelles lampes sont assemblées dans les ateliers de CB Energie, l'idée de Lagazel est de déployer de petites unités de production dans d'autres pays d'Afrique, sous la forme d'ateliers “clés en main” employant de dix à quinze techniciens locaux capables d'assurer, grâce à un process automatisé, une production de quelque 1 000 lampes par jour.
Et d'ici à 2020, Lagazel vise la création d'une dizaine d'ateliers et espère atteindre 1,3 million de lampes vendues. Quant à Arnaud Chabanne, il pense déjà au développement de nouveaux produits : petits kits solaires domestiques dotés de plusieurs points lumineux, réchauds…
Nadia Lemaire
*Chabanne se développe depuis trois générations dans le travail du fil métallique et la fabrication d'articles en feuillard pour les professionnels du bâtiment.
Photo : Lagazel, représentée par Maxence Chabanne à la COP21.
Bref Rhône-Alpes Auvergne n° 2238 du 16/03/2016
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