Selon l’Insee, entre 2008 et 2013, la première région industrielle de France (489 000 salariés) voit fondre ses emplois industriels, à une vitesse à peine moindre qu’au niveau national. Auvergne-Rhône-Alpes en a ainsi perdu 62 000 sur les six dernières années dont 30 000 uniquement sur la terrible année 2009.
Dans son étude (1), l’Insee nous rappelle les raisons de cette chute :
- gains de productivité d’abord, générés par l’automatisation dans l’industrie manufacturière, qui augmentent de 3 % par an depuis 1999 en France Métropolitaine.
- chute de la production industrielle ensuite (-10 % depuis 2009), due à la perte de compétitivité des entreprises françaises face à la concurrence internationale. Sans entrer dans une analyse détaillée, l’Insee fait d’ailleurs remarquer que les délocalisations ont moins d’impact que ce que l’on pense généralement : « En France métropolitaine, on estime qu’environ 3 % des pertes d’emploi dans l’industrie sont dues aux délocalisations ».
- enfin, externalisation de certaines fonctions, auparavant gérées par les entreprises industrielles et aujourd’hui confiées à des sociétés de services sous-traitantes : ingénierie, études, analyses, essais, R & D, design, juridique, ressources humaines, recouvrement de factures, transport et logistique…
Thiers, Vallée de l’Arve, Roanne parmi les bassins les plus touchés
Sur la période 2008-2013, les secteurs industriels les plus touchés par ces baisses d’emploi sont le textile et l’habillement (-24 %), la fabrication de matériel de transport (-20 %), l’industrie du caoutchouc et du plastique (-15 %), la mécanique et métallurgie (-13 %) et les industries électrique et électronique (-13 %). L’agroalimentaire, quant à lui, résiste (-1 %).
Enfin, sur un plan géographique, il suffit de se focaliser sur les grands bassins industriels régionaux, dont certains sont très spécialisés, pour comprendre lesquels sont les plus touchés. Ainsi, c’est à Thiers (coutellerie), dans Vallée de l’Arve (décolletage) et le Genevois français, à Roanne, Bourgoin-Jallieu ou encore dans le Mâconnais… que la part de l’emploi industriel diminue le plus vite. Deux exceptions sont à souligner, cependant : dans les bassins de Saint-Flour (Cantal) et Ambert (Puy-de-Dôme), cette part augmente !
Féminisation des emplois
Autre vraie tendance : la féminisation des emplois. « Ainsi, depuis 2008, la hausse de l’emploi des cadres industriels (la seule catégorie dont les emplois augmentent depuis 1999) est presque unanimement due à des emplois de cadres et ingénieures féminins ».
(1) « Industrie : mutation des emplois et des territoires » ; Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes. Mars 2017.