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À l’occasion de la 3e édition de son magazine hors-série Montagne (1), Bref Eco a organisé le 18 janvier, au siège de la Caisse d’Épargne Rhône Alpes (Lyon), une table ronde au cours de laquelle sont intervenus trois représentants d’acteurs majeurs de l’économie montagnarde : Catherine Jullien-Brèches, maire de Megève ; Dominique Thillaud, directeur général de la Compagnie des Alpes et Didier Bruno, membre du directoire de la Caisse d’Épargne Rhône Alpes (CERA). En débat : les initiatives déployées par les uns et les autres en stations dites « de sports d’hiver », dans un contexte de réchauffement climatique. 

Le réchauffement climatique n’est pas seulement l’affaire des stations de moyenne altitude, certes touchées les premières par un enneigement en diminution d’année en année. Toutes sont concernées, quelle que soit leur altitude. Les plus élevées voient les glaciers reculer et le permafrost devenir instable, sans compter les chutes de pierres qui apportent de nouveaux risques sur les itinéraires de randonnée l’été et, peut-être, une sur-fréquentation à laquelle il faudra faire face.

Megève (Haute-Savoie) fait partie des lieux qui ont du souci à se faire pour leurs saisons d’hiver à venir. Réaliste, Catherine Jullien-Brèches préfère cependant souligner les atouts de sa commune de moyenne altitude qui lui permettront d’amortir les chocs : un des plus grands centres sportifs et de congrès des Alpes, de multiples activités sportives autres que le ski, un tourisme de gastronomie et de bien-être, un paysage magnifique entre alpages et forêts, une situation géographique sur un axe de passage… Mais parmi les questions pressantes à régler, le coût de l’immobilier, parmi les plus élevés des Alpes, est une grosse épine dans le pied de la commune qui multiplie les décisions pour soutenir les saisonniers et le logement social : préemption de terrains ou de logements, intermédiation locative avec les propriétaires, etc.
« Nous avons révisé le PLU (Plan local d’urbanisme) pour permettre la création de logements permanents afin de stabiliser la population. Nous imposons la mixité sociale sur certains tènements. Nous allons aussi imposer des logements sociaux sur les nouveaux programmes et imposer la construction de logements pour les saisonniers dans les nouveaux programmes hôteliers », confirme Catherine Jullien-Brèche.

Didier Bruno confirme, quant à lui, que la montagne attire toujours les investissements immobiliers. La CERA se prépare aussi à la vague de rénovation en provenance des propriétaires de logements « passoires énergétiques », soumis à la récente législation. Une chose est sûre, explique-t-il : les prêts aux investissements accordés par la banque coopérative ne suivent plus la seule logique financière, ils s’inscrivent aussi dans une perspective de RSE (Responsabilité Sociale et Environnementale).

De son côté, la Compagnie des Alpes s’est engagée sur dix initiatives précises dans le cadre de sa nouvelle « raison d’être » : mobilité décarbonée, plantation d’arbres, gestion raisonnée de l’eau, distribution d’actions gratuites aux collaborateurs, etc. Plus intéressant encore, elle s’impose cinq renoncements : ainsi, elle n’étendra plus ses domaines skiables ; elle abandonnera les énergies fossiles pour ses dameuses, ses bus et ses bâtiments ; et cessera « d’apporter son assistance technique aux projets de création de stations de ski ou de snowdomes, français ou internationaux, n’impliquant pas une part majoritaire significative de neige naturelle ».

Catherine Jullien-Brèches, Didier Bruno et Dominique Thillaud tombent d’accord sur un dernier point : aujourd’hui, personne n’est encore capable de trouver une alternative économique au ski, une activité de substitution aussi rémunératrice.

 

(1) «  Montagne : poursuivre le rêve », décembre 2023. 

 

Didier Durand

 

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