Dotée d’une technologie unique au monde qui lui donne plusieurs années d’avance sur la concurrence, s’adressant à des marchés très divers, Isorg pourrait être le symbole d’une industrie française retrouvée, innovante et pourvoyeuse d’emplois.
Isorg développe, avec le CEA, une technologie de rupture dans le monde de l’électronique, en abandonnant le silicium pour un support en plastique souple imprimé dont l’encre renferme des matériaux semi-conducteurs. Ainsi, cette électronique organique rend “intelligents” des films plastiques de grande dimension capables, grâce à leurs capteurs mesurant la lumière, de détecter des personnes, des mouvements, des objets, etc.
Les applications sont très nombreuses : reproduction d’images, contrôle de process industriels, reconnaissance d’empreintes digitales, produits grand public avec interface sans contact (électroménager, textiles techniques, domotique, tablettes et smartphones, etc.). Plusieurs grands noms de l’électronique mondiale se seraient montrés très intéressés, voire impatients.
Isorg a été créée en 2010 par trois associés issus de l’industrie. Son Pdg, Jean-Yves Gomez, a été responsable de division chez STMicroElectronics ; Laurent Jamet et Emmanuel Guérineau y ont travaillé aussi, avant de passer chez des PMI. Ensemble, ils détiennent 75 % du capital. Et sont en train de lever 15 millions d’euros. Et constituent l’équipe idoine qui manque souvent aux jeunes pousses essaimées de la recherche. “Notre entreprise n’est pas issue d’une technologie de laboratoire dont il faudrait démontrer la viabilité commerciale”, insiste Laurent Jamet. “Elle est née d’une vision de marché, validée dans le cadre du programme Printronics”(1).
Comme dans beaucoup de projets grenoblois, le CEA reste un partenaire privilégié de l’aventure : actionnaire minoritaire, il a dédié une équipe de 25 personnes à la R&D réalisée avec Isorg. Et c’est en son sein que fonctionne une ligne pilote d’impression (investissement : 10 millions d’euros). En deux ans, une quinzaine de brevets ont été déposés, sur lesquels Isorg dispose d’une exclusivité mondiale.
C’est la commune voisine de Sassenage qui accueillera bientôt l’usine d’Isorg dont la construction démarre en juillet. Le futur site, opérationnel fin 2014, s’étend sur 2 000 m2 de bureaux et 1 000 m2 d’usine (900 m2 de salles blanches). Un investissement de 10 millions d’euros qui a fait l’objet d’un montage privé-public, sous la forme d’une société foncière créée avec la CDC (Caisse des Dépôts).
“Quand on a cherché à lever des fonds pour construire une usine, les banques nous ont dit : vous n’y pensez pas ! Contentez-vous de vendre vos licences. Mais nous sommes des industriels et nous voulons produire en France”, explique J.-Y. Gomez. La perspective est donc claire : Isorg veut devenir une Entreprise de Taille Intermédiaire (ETI) de nouvelle génération ; une société industrielle de haute technologie ne craignant pas les pays low cost.
Didier Durand
(1) Soutenu par des fonds publics, le programme Printronics a réuni le CEA, Sofileta, Infiniscale, VI Technology et Schneider.
Premières ventes prévues en 2015 ; chiffre d'affaires (prévisionnel) 2020 : 100 millions d’euros ; effectifs : 18 ingénieurs et techniciens (2 personnes à Hong Kong) ; levée de fonds en cours (15 millions d’euros). Soutien de l’Etat, dans le cadre des Investissements d’Avenir, et des collectivités.
Photo : ©Marvelpix.
Bref Rhône-Alpes n° 2122 du 12/06/2013
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