Jean-Pierre Farandou, président du groupe SNCF, et Jacques Gounon, président du Comité pour la Transalpine.
JFB
Alors que 80 % du tunnel transfrontalier est désormais financé avec notamment la signature de 3 milliards d’euros de marchés supplémentaires en cette rentrée, l’urgence est maintenant à la réalisation des voies d’accès à cet ouvrage, clé de la réussite du projet global.
L’assemblée générale du Comité pour la Transalpine, qui se tenait à la Chambre Régionale de Commerce et d'Industrie (Crci) de Lyon, ce 1er octobre, a enregistré avec satisfaction l’appui sans réserve au Lyon-Turin du patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou. Dans le contexte actuel, c’est un signe fort dans la nouvelle logique ferroviaire de la grande vitesse rappelée par Emmanuel Macron et qui fait du Lyon-Turin une priorité.
C’est aussi un message bien plus volontaire que celle des dirigeants précédents de la SNCF que Jean-Pierre Farandou a délivré devant un parterre d'élus et de représentants de l'économie régionale. Cela sera-t-il suffisant pour laver l’affront subi en 2018, lorsque la Commission d’Orientation des Infrastructures (Coi) de Philippe Duron renvoyait au-delà de 2038 la réalisation des accès français au tunnel transfrontalier ? « Rien n’est gagné », a répondu Jean-Pierre Farandou, sans s’engager sur un tracé, un choix qui reste, comme toute infrastructure d’aménagement du territoire, du domaine de l’Etat.
Bruxelles attend
Pour le reste, les 140 kilomètres d’accès au tunnel, du côté français, qui sont détenteurs depuis 2013 d'une Déclaration d’Utilité Publique, représentent bien la clé de la réussite du transfert modal, tant fret que voyageurs (*), à l’horizon 2030. Jacques Gounon, président de la Transalpine, connait bien le sujet, à travers son expérience Eurostar : « Quand le tunnel sous la Manche a été mis en service en 1994 depuis Paris, en attendant la construction de la ligne nouvelle jusqu’à Londres, le trafic s’élevait en-dessous des 5 millions de passagers par an. Une fois la totalité de la ligne nouvelle achevée, nous sommes passés à 11 millions ».
Il faudra donc jouer groupé, réussir le consensus local pour que l’Etat s’engage dans l’acte d’exécution demandé par Bruxelles en échange d’une prise en charge communautaire de 50 % du financement de ces voies d’accès. Leur coût est estimé entre 5 et 7,7 milliards d’euros.
Ce consensus sera testé lors de la réunion du prochain comité de pilotage présidé par le Préfet de Région, en décembre prochain. Auparavant, il est toujours question d’un sommet franco-italien à Chambéry, sans qu’une date ne soit à ce jour fixée.
(*) Répartition modale du fret 2019 :
Suisse-Italie : total 37,8 millions de tonnes : 70,2 % par le rail, 29,8 % par la route
France-Italie : total 46,3 millions de tonnes : 7,2 % par le rail, 92,8 % par la route