Le groupe Safetic (ex-Easydentic), spécialiste de la sécurité des accès des biens et des personnes, comptait beaucoup sur une levée de fonds de 10 M€. Après l’effondrement des marchés et l’échec de l’augmentation de capital, toutes les sociétés françaises du groupe ont été placées en redressement judiciaire.
Patrick Fornas est un peu amer : "Nous avions prévu une augmentation de capital de 10 M€ au début du mois d’août dernier. L’écroulement des marchés a conduit à l’échec de cette opération. Dans ces conditions, nous nous sommes placés sous la protection du tribunal de commerce". Les sociétés françaises du groupe, dont la société Safetic (ex-Innovatys), cotée sur Alternext, ont été placées (discrètement) en redressement judiciaire. Les filiales étrangères ne sont pas concernées.
Le groupe, d’abord nommé Easydentic et spécialisé dans les systèmes d’accès sécurisés - barrières, portes, etc. - et la vidéosurveillance, a élargi son activité à la sécurité des personnes en mars 2009. Avec le lancement du Doc (Défibrillateur opérationnel connecté, SI 693), l’équipement apportait une solution très innovante à un énorme problème de santé publique : le taux de mortalité lié aux accidents cardiaques. Associé à un dispositif de géolocalisation et de télésurveillance, l’appareil de défibrillation cardiaque était conçu pour être installé dans les lieux publics ou les entreprises.
D’abord commercialisé en France, en 2010, il a été lancé en Europe cette année. Il s’agissait d’un incontestable relais de croissance pour le groupe rebaptisé Safetic en 2010, et la commercialisation a très bien fonctionné durant le premier semestre 2011. Le dispositif a été merveilleusement accueilli par toutes les institutions concernées : Samu, Croix rouge, associations de cardiologie, etc. Une réussite telle que la valorisation du brevet à 60 M€ en est arrivée à excéder la valeur de l’entreprise en Bourse après l’effondrement du marché…
L’ensemble de l’activité du groupe avait pourtant été bonne durant le premier semestre 2011. A côté des pertes enregistrées en France du fait du lancement du Doc (3 millions d'euros), les activités internationales ont enregistré un résultat d’exploitation positif de 6,7 millions d'euros. Le Portugal et l’Espagne ont été très dynamiques, satisfaisantes également les activités en Suisse, Allemagne, Autriche, Benelux, Grande-Bretagne et Irlande.
La filiale américaine créée fin 2010, et conçue comme un autre relais de croissance, avait enregistré également de bons résultats. "Mais pour accélérer, il nous fallait du cash", explique le Pdg. "Pour des start-up comme la nôtre, quand il y a un problème de carburant pour financer notre BFR - besoin en fonds de roulement - le modèle s’essouffle".
Après une année perturbée en 2009, la notation Banque de France avait été abaissée. "Pour Eden, notre filiale de Venelles qui produit les appareils, quand il a fallu monter en puissance et acheter du matériel, nous avons dû le payer "au cul du camion", s’échauffe-t-il légèrement.
Malgré ce redressement judiciaire, il n’y pas de plan social en vue pour les 1 000 employés européens (330 en France). Pour sortir de l’impasse : "Nous étudions toutes les possibilités, conclut M. Fornas, y compris l’adossement… surtout l’adossement, à un groupe plus puissant". A ce jour, il y aurait déjà eu "un ou deux contacts, mais rien qui promette pour l’instant de déboucher dès demain matin".
Jacques Gelin
Chiffre d'affaires 2010 : 104,60 millions d'euros (Résultat net : - 6,7 %),
Chiffre d'affaires prévisionnel 2011 : 123,274 millions d'euros (Résultat net : - 1,8 %).
Sud Infos n° 764 du 21/11/2011