Les deux entreprises, nées à cinquante ans d’intervalle, en 1864 à Winterthur et en 1913 à Saint-Rambert (Loire), n’ont cessé, depuis leur rapprochement en 1981, de pousser les murs et les feux de la production en France, en Europe comme en dehors du Vieux Continent. Sans que la mondialisation ne soit synonyme d’exclusion, de fermeture ou de licenciements. “Nous ne sommes pas là par hasard, affirme Alain Berthéas, patron de la filiale française. Nous avons conduit notre cheminement industriel patiemment, sur le long terme”.
La preuve : la dernière unité de production, implantée à Andrézieux-Bouthéon, qui vient d’être inaugurée à quelques encablures du siège et du plus important site français de Sigvaris, à Saint-Just-Saint-Rambert.
Avec cette nouvelle usine, qui représente un investissement de 7 millions d’euros, le leader des produits de compression médicale ajoute un maillon à sa chaîne de production française. Cette unité de guipage est, au tissu de compression, ce qu’est le principe actif au médicament, explique le patron ligérien. Le guipage consiste à enrouler des fils non élastiques autour d’un fil élastique. Cette opération nécessite une température stable et une hygrométrie mesurée, ainsi qu’un système de régulation de l’air performant. La nouvelle usine, quatrième implantation de Sigvaris en France, emploiera 40 personnes à terme.
En douze ans, le nombre de paires de bas médicaux vendus par Sigvaris aura été multiplié par 2,5, son chiffre d’affaires aura plus que triplé, à près de 100 millions d’euros fin 2012, et ses effectifs plus que doublé avec 700 personnes aujourd’hui. Alain Berthéas ne croit pas à “l’industrie fabless” (sans usine), “sans capital physique”. Son modèle industriel est la combinaison de recherches, d’innovations, de production et de services. “Produire en France, c’est possible, insiste-t-il, particulièrement en matière de santé”. D’autres entreprises stéphanoises de textile médical (Thuasne et Gibaud notamment) illustrent d’ailleurs la mutation réussie d’une filière, lointaine héritière de la rubanerie.
Seule ombre au tableau, la délocalisation de nombreux fournisseurs est une vraie menace pour l’emploi, pour la qualité des produits et des services apportés aux clients. Et peut déstabiliser à terme une industrie qui, comme d’autres secteurs industriels, est “au cœur du défi économique français”, selon ce dirigeant d’entreprise qui préside aussi, en politique cette fois, les destinées de la communauté d’agglomération Loire Forez.
Vincent Charbonnier
Photo : ©Sigvaris.
Bref Rhône-Alpes n° 2090 du 26/09/2012
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