La future station de Chimgan.
Patriarche
Dans le contexte de crise aiguë que connaissent les activités touristiques d’hiver, chaque bonne nouvelle est ressentie comme une éclaircie salutaire par les professionnels de la filière. Le marché qui s’annonce en Ouzbékistan pour un consortium d’entreprises françaises, majoritairement aurhalpines, est l’un de ces rares coins de ciel bleu.
Le 10 mai dernier, Franck Riester, Secrétaire d’Etat au commerce extérieur et M. Umurzakov, Vice-Premier ministre ouzbek, ont paraphé un accord par lequel l’Etat français accordera à l’Ouzbékistan un prêt de 48 millions d’euros pour lancer la première tranche d’un grand programme d’aménagement touristique d’altitude dans la région de Bostonlink. En contrepartie, ce sont des entreprises françaises qui devront réaliser les équipements en question.
En réalité, cette histoire asiatique a commencé en 2016. L’Etat ouzbek, qui prépare son « plan montagne » de 25.000 lits touristiques et 200 millions d’euros d’investissements (hors infrastructures) dans ce massif du Tian-Shan, sollicite alors le Cluster Montagne, représentant de l’écosystème régional en matière d’aménagement de la montagne. Trois ans plus tard, non sans un travail de lobbying de la part de l’Ambassade française, un consortium savoyard présente officiellement ses « master plans » au Président ouzbek, Shavkat Mirzioyev. Avec un concept qui fait « tilt » : après la Route de la soie (Samarcande n’est pas loin), voici la Route du tourisme, capable d’attirer les classes moyennes de la capitale Taschkent (à 1h30 en voiture) et de plusieurs pays d’Asie centrale (l’Inde est à 1h30 en avion), faisant du pays une référence en matière de loisirs outdoor.
Le respect de l’environnement est aussi un thème majeur en Ouzbékistan
C’est donc une équipe composée de Géode, Manie Lives, Patriarche Architectes, La Compagnie des Alpes, Epode et Egis Group qui est désignée pour faire sortir de terre la première des trois stations envisagées, Chimgan. Dotée jusqu’à présent de deux remontées mécaniques de l’époque soviétique, Chimgan sera bientôt équipée d’une télécabine et d’un téléphérique culminant à 3.309 mètres d’altitude, de deux télésièges à pinces fixes, d’une tyrolienne, d’une piste de luge, d’un système de neige de culture…
Les industriels MND et Poma sont aux avant-postes. Les autres membres du consortium assureront une mission d’assistance au pilotage du projet qui devra tenir compte de la sensibilité environnementale des responsables ouzbeks. Car, comme l’affirme Philippe Lebrasseur, dirigeant du cabinet d’études Manie Lives, « le respect de l’environnement est aussi un thème majeur en Ouzbékistan. Etude d’impact, préservation en eau, biodiversité, etc. Tout est extrêmement encadré ». Chimgan, qui pourrait voir le jour d’ici trois ans, sera d’ailleurs une station sans voiture.
Cet article a été publié dans le numéro 2457 de Bref Eco.