Le nouveau téléphérique s'étire sur 2,7 kilomètres en zone urbaine.
DR/Poma
Alors que la Métropole de Lyon abandonne son projet de liaison par télécabine sous la pression des oppositions locales, Toulouse inaugure le sien. C’est le constructeur isérois Poma qui a construit Téléo, le téléphérique urbain de la ville rose. En France, le transport par câble en zones urbaines avance, doucement mais sûrement.
Ce week-end à Toulouse, les premiers voyageurs ont pu profiter de la nouvelle télécabine urbaine, Téléo. Un événement salué très officiellement la veille par le préfet Étienne Guyot, la présidente de la Région Carole Delga et le maire Jean-Luc Moudenc qui ont ainsi inauguré « le plus grand téléphérique de France ».
Colline et fleuve
Long de 2,7 kilomètres, Téléo relie l’Oncopole à l’Université Paul Sabatier, avec un arrêt à l’Hôpital Rangueil, franchissant ainsi une colline ainsi que la Garonne. Le parcours s’effectue en une dizaine de minutes contre 40 minutes en voiture. Ses quinze cabines, d’une capacité unitaire de 34 personnes (dont 20 assises), transporteront plus de 8 000 personnes/jour dans chaque sens, entre 5 h 15 et 0 h 30. Son système doté de deux câbles porteurs et d'un câble tracteur permet de résister à des vents pouvant aller jusqu’à 108 kilomètres/heure. Enfin, il faut souligner qu’entre les gares de départ et d’arrivée, seuls cinq pylônes ont été érigés. L’investissement s’élèverait à près de 80 millions d’euros.
Complémentarité, intermodalité
Comme le souligne Jean Souchal, le président du directoire de Poma : « Le transport par câble apporte une vraie solution là où les autres systèmes calent, notamment quand il s’agit de franchir un relief ou un fleuve », comme c’est donc le cas à Toulouse. « Il a ainsi toute sa place dans les transports urbains, en complémentarité des autres moyens de transport. Il s’insère parfaitement dans une logique d’intermodalité et de maillage des quartiers ».
En termes de mobilité urbaine, Poma n’en est pas à sa première opération, ayant entamé il y a bien longtemps sa diversification hors des stations de ski. Aujourd’hui, ses activités se partagent en trois parts égales entre les pistes de ski, les autres sites touristiques et les transports urbains.
New-York, Medellin, Alger, Guayaquil, Le Caire, Saint Domingue ou encore, tout récemment, La Réunion… ses télécabines et téléphériques démontrent dans toutes ces villes leur capacité à décongestionner les centres-villes. Grâce à des avantages indéniables : coût d’investissement beaucoup plus faible qu’un métro ou un tramway, temps de parcours très compétitifs, régularité des fréquences, taux de disponibilité, confort, bilan carbone, tout en s’affranchissant des problématiques au sol.
En France, deux réalisations urbaines sont actuellement en cours sous la houlette de Poma : Grenoble et Ajaccio. Et deux autres projets sont en réflexion avancée, à Nice et Bordeaux.
Montée en puissance du câble en sites urbains
« Le câble en site urbain monte en puissance, c’est ce que nous observons. Et la France apparaît, en Europe et exception faite de la Suisse, comme un précurseur. Certes, les projets sont souvent longs à déboucher : celui de Toulouse, même s’il a été plutôt consensuel, a mis plus de quinze ans à sortir, depuis les toutes premières discussions ».
Des discussions qui, on l’a vu à Lyon, portent souvent sur la pollution visuelle perçue et le survol des propriétés privées. Et dans ces domaines, la subjectivité et le nimby (not in my backyard, pas dans mon jardin) jouent à plein.