Armand Ferro et Marie Nagy, cofondateurs de Reus’Eat.
2019. Deux jeunes ingénieurs. emlyon. Voici, dans les grandes lignes, comment est née la start-up lyonnaise Reus’Eat. Coulisses d’une aventure entrepreneuriale, entre résilience et passion, pour créer les couverts jetables de demain, à base de drêches de bière.
Armand Ferro et Marie Nagy, tous deux ingénieurs, se rencontrent en 2019 sur les bancs de l’emlyon… ou plutôt du réfectoire. « Nous mangions à la cafétéria, tous les midis, avec des couverts en bois, râpeux et désagréables en bouche ». Les deux étudiants, dont l’amitié est naissante et les valeurs entrepreneuriales et environnementales partagées, se lancent dans une aventure audacieuse : créer les couverts de demain ! « Notre souhait était d’offrir des couverts qui soient dans une dynamique d’économie circulaire », explique Marie Nagy. Pour cela, Reus’Eat a choisi de travailler à partir des drêches de bière, résidus du brassage des céréales.
Deux ans de R & D
Mais avant d’arriver à un produit fini, plusieurs étapes ont été nécessaires. « Notre matériau étant très innovant, nous avons fait deux ans de R & D pour trouver une formulation à la fois résistante aux températures
élevées, réutilisable et compostable », explique Arnaud. « Les premiers prototypes étaient friables et ramollissaient au contact d’un liquide. Le restaurateur testeur a vu sa cuillère se dissoudre dans son yaourt ». Armand Ferro et Marie Nagy ont pu compter sur le soutien de l’école ECAM LaSalle, ainsi que d’une société de conseil en biomatériau et d’un industriel partenaire pour développer leurs couverts.
50.000
Le nombre de couverts vendus à ce jour.
Depuis trois ans et le lancement du projet, environ 1,5 tonne de drêches a été récupérée en circuit court auprès d’un brasseur situé à Vourles, Caribrew. La formulation — « unique et confidentielle » — est réalisée à Clermont-Ferrand. « Nos produits sont conçus à partir de liants naturels et de farine de drêche. Ils ne contiennent aucune trace de plastique, ni de PLA. Ils sont entièrement compostables et ne laissent aucun résidu après leur décomposition », assurent les deux amis qui ont confié la fabrication à un industriel basé à Thiers, dans la capitale française de la coutellerie.
Depuis le lancement commercial, plus de 50.000 couverts ont été vendus. Reus’Eat cible l’événementiel, la restauration à emporter et les particuliers. Et la start-up affiche déjà des clients prestigieux comme Roland Garros et le Tour de France 2023.
Côté perspectives, Reus’eat prévoit de clôturer une levée de fonds d’ici fin 2024. La start-up lyonnaise, qui emploie trois personnes, entend recruter de nouveaux profils. Parmi les objectifs, le développement de nouveaux produits et l'augmentation de la cadence industrielle arrivent en tête. Animés par le goût du risque et forts de leur complémentarité, Marie et Armand entendent bien remettre le couvert encore longtemps.
La drêche, késako
Les drêches, ce sont les résidus céréaliers générés lors du brassage de la bière. On la retrouve au fond des cuves des brasseurs. Pour 1 000 litres de bière produite, c’est l’équivalent de 300 kg de drêches qui sont générées. Les brasseries payent généralement des organismes extérieurs pour s’en débarrasser… Depuis son lancement, Reus’eat en a valorisé 1,5 tonne.
Cet article est issu du beAURA » tome 3, à retrouver ici.