Fondateur de Mokamatic, Eric Jacob s'inquiète de savoir quels gobelets seront autorisés en 2020. Les autorités ne donnent aucune réponse à trois mois de l'échéance.
A.R.
La société de Genas, spécialisée dans l’installation de distributeurs automatiques de boissons, vient de s’agrandir. Son activité est orientée à la hausse grâce à des gains de parts de marché alors que la consommation globale baisse.
En quelques années, Mokamatic est passé de 9 millions d’euros de chiffre d’affaires et 68 personnes à 11 millions d’euros et 78 personnes. Eric Jacob, fondateur, en 1997, de l’entreprise et actuel Pdg a donc réorganisé sa logistique, abandonnant un site annexe et doublant la surface du site principal.
Ce dernier, qui accueille également le siège de l’entreprise (Mokamatic a aussi une antenne près de Grenoble et une autre à Annecy) est passé de 1.000 à 1.900 m². L’activité demande beaucoup de stockage. Alors que le parc installé est de 3.500 machines (70 % en entreprises, 30 % sur espaces publics), les ateliers accueillent en permanence une centaine de machines, en transit ou en maintenance.
La plus importante société régionale indépendante
Le cœur de marché est constitué d’entreprises de 50 à 200 salariés. Le chiffre d’affaires est réalisé à 65 % avec les boissons chaudes, 25 % avec les boissons fraîches et friandises, 5 % avec les fontaines à eau et 5 % avec les petites machines à café. Mokamatic revendique environ 1.700 clients et s’affiche comme le plus gros distributeur indépendant sur la région. Quelques autres acteurs indépendants pèsent quelques millions (à l’instar de Saveur Express'O) mais l’essentiel de la profession est constitué de personnes seules ou en couples, si l’on excepte les majors (comme Sélecta par exemple). La récente progression d’activité de Mokamatic repose sur un gain en parts de marché car « à périmètre constant, la consommation stagne » note le dirigeant, épaulé par son fils Ludovic Jabob, directeur général. La progression du télétravail serait l’un des facteurs de cette morosité des ventes.
Le prix du café a baissé en machine
Les plus petits acteurs semblent en conséquence avoir des difficultés à survivre. Les machines (d’une valeur unitaire de 4.000 euros) sont de plus en plus difficiles à amortir au regard de la stagnation de prix de vente : « Le dernier café en francs était facturé 2 francs alors qu’il est aujourd’hui à 0,30 euro soit 1,97 franc » détaille Eric Jacob. Mais aussi au regard des hausses du prix des produits, difficiles à répercuter… La profession a dû par exemple faire face à l’augmentation des prix des sodas, à la taxe soda, à l’augmentation de la TVA et à l’interdiction de vente dans les lycées.
Incertitude sur l'avenir du gobelet en plastique
S’ajoute aujourd’hui une incertitude qui fait trembler les entreprises : les décisions contradictoires de l’Etat et de l’Europe sur l’interdiction ou non des gobelets en plastique. Les gobelets des distributeurs devaient échapper à l’interdiction prévue au 1er janvier 2020 mais rien n’est plus certain. La chambre syndicale nationale de vente et services automatiques demande aux autorités de prendre une décision au plus vite, sans quoi la profession serait en danger. Un gobelet en carton ferait augmenter les prix. Sans compter l’éco-contribution. Le prix du café en entreprise pourrait bondir de 5 à 10 centimes.
Un autre casse-tête technico-économique va aussi poindre avec la question de la consigne des bouteilles en plastique.