Chambérienne pur jus, Corinne Blanc ne se prédestinait pas au business. Femme de sciences, passée par une prépa maths sup, elle est diplômée de l'Ecole de physique et de chimie de Paris, dirigée à l'époque par le Nobel Pierre-Gilles de Gennes. Elle est également docteur en science des polymères et des matériaux composites. Un profil résolument technique, certes, mais qui lui a permis de vivre une carrière riche chez Saint-Gobain où elle a passé plus de vingt ans.
Elle se décrit elle-même comme étant un “pur produit de la promotion interne”. Entrée chez Saint-Gobain (via sa filiale Vetrotex) en 1992 alors qu'elle est doctorante, elle y restera jusqu'en 2009, date de la création d'Optiréno. En 2006, le groupe lui confie la direction mondiale de la voirie à Pont-à-Mousson, près de Nancy, au sein d'une autre filiale du groupe (PAM Saint-Gobain). Contrainte de déménager, elle fera les allers-retours à Chambéry pendant plus de trois ans. “Je voulais réussir ce challenge, réussir dans cette fonction là. Ma fille me manquait, ma famille aussi. On s'est accroché mais au bout de trois ans, j'ai demandé à rentrer”. Si elle esquisse un sourire en admettant que le jeu en valait la chandelle, elle reconnaît que cette période a été difficile à vivre. De retour dans la région, elle accepte un poste de cadre dirigeante, toujours au sein du groupe, mais à une condition : que les projets dont elle est responsable se développent en Rhône-Alpes.
En 2009, le groupe la charge de réfléchir à la création d'un concept d'optimisation énergétique qui serait commercialisé par un réseau d'agences régionales. L'idée devait permettre à Saint-Gobain de recentrer sa stratégie sur l'efficacité énergétique de l'habitat. Toutefois, malgré les moyens financiers et humains engagés, le projet nécessitant des compétences aux antipodes de son savoir-faire va stagner. L'occasion est rêvée pour Corinne Blanc. Grâce à leurs primes de licenciement et à un accord avec Saint-Gobain, elle et ses associés démarrent l'aventure Optiréno. Nous sommes fin 2009.
L'entreprise va réussir à se faire une place sur un marché encore peu concurrentiel, celui de la rénovation énergétique des bâtiments en proposant une prestation de maîtrise d'ouvrage clés en mains. Malgré des débuts difficiles, crise oblige, l'entreprise tire son épingle du jeu et remporte en 2014 le deuxième prix du concours régional Deloitte In Extenso Technology Fast 50, qui récompense les PME affichant la plus forte croissance au cours des cinq dernières années. L'année 2015 est même une consécration : Optiréno enregistre dix millions d'euros de chiffre d'affaires, soit trois millions de plus que l'année précédente.
Mais Corinne Blanc n'aspire ni à la notoriété, ni au pouvoir : “En tant que femme dirigeante, ça n'est pas le pouvoir qui vous anime ; c'est le fait de pouvoir être maître de ce vous accomplissez”. Pour elle, c'est un “immense bonheur” que de pouvoir mener ses projets à terme, sans faire de compromis, à l'image du dernier né, BIM in Motion, dont l'activité est complémentaire des prestations d'Optiréno. Cette start-up propose un ensemble d'outils high-tech, tels que le laser nuage de points ou, prochainement, des lunettes de réalité virtuelle qui permettent de numériser des données afin de réaliser des maquettes en 3D.
Chef d'entreprise, femme, mère et épouse, Corinne Blanc multiplie les casquettes. Très attachée à ses racines, cette épicurienne aime voyager - elle parle cinq langues - et s'adonne à de nombreux sports, du moins aussi souvent que son emploi du temps le lui permet. Elle s'amuse d'ailleurs du fait que son garage “ressemble à une véritable annexe de Decathlon”. Ski de fond ou de piste, randonnée pédestre ou simple balade, l'air de la montagne lui est essentiel.
Mi-mars, Corinne Blanc s'est élancée sur la piste du semi-marathon la Savoyarde, organisé à La Feclaz. Un vrai challenge pour celle qui reconnaissait n'avoir eu que peu de temps à consacrer à l'entraînement. Avant de nous confier : “Si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais”.
Dorothée André-Micolon
Bref Rhône-Alpes Auvergne n° 2239 du 23/03/2016
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