Depuis sa vallée de l’Arve, Savoy International n’a pas hésité à faire appel aux compétences industrielles oyonnaxiennes et lyonnaises.
Comme d’autres, le discret groupe Savoy International, à Cluses en Haute-Savoie, a décidé de répondre aux besoins du pays en masques sanitaires. Porté par une souplesse à toute épreuve et un formidable esprit d’innovation, il entend même se placer à long terme sur ce nouveau marché.
Né en 1982 de la société Savoy Moulage, le groupe Savoy International a grandi dans le décolletage, l’injection plastique et la fabrication de cartes électroniques, par consolidation interne ou rachat d’entreprises en difficultés. Composé d’AMD Décolletage (connectique), Cartier Technologies (mécatronique), Serop (moules métalliques), Savoy Technology, Gervet Frères et Chevran, il est présent à l’international à travers des filiales en Tunisie, au Maroc, en Roumanie et en Chine. Il fournit des pièces techniques à l’industrie, à l’automobile en particulier.
Une réactivité activité
A la tête de cet ensemble d’un millier de collaborateurs dont 600 dans la vallée de l’Arve, le très intuitif Emile Allamand a réagi rapidement aux premières informations sur le Covid-19. « Dès le 16 mars, j’ai réuni mes équipes pour changer nos méthodes de travail. Puis j’ai créé un groupe de réflexion d’une dizaine de personnes, composé de cadres internes et d’autres à la retraite », expliquait-il récemment. Parmi les premières idées lancées : « Plutôt que d’importer des masques sanitaires, produisons-les, avec de nouvelles machines que, dans un premier temps, nous importerons… de Chine ! » Grâce à un bon réseau asiatique et à un opérateur de transport de confiance (les prix ont doublé en quelques jours), une première machine a été livrée en Haute-Savoie en avril… et trois autres le seront très bientôt. La production a donc pu commencer le 20 avril, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, à un rythme hebdomadaire de 4 millions de masques chirurgicaux.
Des machines françaises
Deuxième étape décidée par la task force de Savoy International : la conception de machines bien françaises cette fois, pour la production de masques FFP2, plus sophistiqués. « Nous avons fait appel à plusieurs entreprises de la Haute-Savoie mais également à nos voisins industriels d’Oyonnax pour travailler, en collaboration et en confiance, avec notre propre bureau d’études ». Cinq machines sont attendues dans les meilleurs délais. Et deux millions de masques FFP2 (réservés aux soignants) sont censés en sortir chaque semaine depuis le 15 mai. Et, afin de ne plus dépendre de la Chine pour la fourniture de matières premières, « nous nous sommes rapprochés du laboratoire Ingénierie des Matériaux Polymères de l’Insa de Lyon ; nous y avons même recruté deux ingénieurs… chinois ».
Globalement, l’investissement avoisine les 5 millions d’euros. « C’est lourd mais nécessaire, car nous sommes assez pessimistes sur l’avenir du secteur automobile. » La Région pourrait accompagner financièrement cette diversification qui devrait créer, selon Emile Allamand, une centaine d’emplois d’ici fin mai !
Cet article a été publié dans le numéro 2413 de Bref Eco.