Dans l'agriculture, la méthanisation a le vent en poupe (ici, à Saint-Denis-sur-Coise, dans la Loire).
Michel Pérès / GRTgaz
En 2020, GRTgaz (1) a investi 23 millions d’euros dans la région Auvergne-Rhône-Alpes pour moderniser son réseau souterrain de transport, le sécuriser et l’adapter aux mutations gazières en cours.
La consommation de gaz naturel baisse régulièrement depuis une dizaine d’années en France. En 2020, en Auvergne-Rhône-Alpes, elle a diminué de 6 % par rapport à 2019. Chez GRTgaz, on attribue cette baisse sensible au climat extrêmement doux que nous avons connu l’an dernier, davantage qu’à la baisse d’activité due à la crise sanitaire. Et on rappelle que 2020 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée en France depuis 1900.
Georges Seimandi, délégué territorial Rhône-Méditerranée de GRTgaz, analyse cette tendance baissière : « L’érosion lente de la consommation de gaz, que l’on observe depuis une dizaine d’années, est due à deux facteurs : d’une part, une meilleure efficacité énergétique dans l’industrie, d’autre part une baisse dans le tertiaire et l’habitat suite à un climat qui se réchauffe ». Et ajoute : « Le prix du gaz n’a jamais été aussi bas. Et la France a le gaz le moins cher d’Europe ».
Le biométhane monte en puissance
La production de méthane à partir de sous-produits agricoles fait partie des mutations en cours sur le marché du gaz. Et devrait prendre de l’ampleur. L’an dernier en Auvergne-Rhône-Alpes, ce sont ainsi quinze nouveaux sites de méthanisation qui sont devenus opérationnels (contre douze en 2019) et injectent désormais, dans le réseau, le gaz qu’ils produisent. Leur capacité totale s’élève aujourd’hui à 146 GWh/an (+ 22 %) soit l’équivalent de la consommation de 11.400 logements.
Quelque 120 projets de ce type sont à l’étude (un millier en France). Une tendance qui pousse les exploitants de réseaux, comme GRTgaz, à adapter leur infrastructure : l’an dernier, ce sont 60 millions d’euros qui ont été investis sur les réseaux gaziers dans la région.
L’hydrogène... c’est l’avenir
Mais si le biométhane, produit à partir de déchets verts, est prometteur et vertueux, c’est bien l’hydrogène qui devrait révolutionner le monde énergétique dans les décennies à venir. La perspective d’un réseau 100 % hydrogène est même évoquée parmi les transporteurs et distributeurs gaziers : en juillet dernier, une dizaine d’entre eux ont présenté leur vision de la création d’une « dorsale hydrogène » à l’échelle européenne, qui se traduirait par un réseau spécifique et dédié de 3.300 kilomètres de canalisations hydrogène en France à l’horizon 2040.
Véhicules au gaz : ça avance !
Alors que le marché des voitures électriques s’envole, le gaz naturel utilisé pour les véhicules (GNV/bioGNV) confirme qu’il est une autre vraie alternative. Ce carburant est lui aussi en forte progression : actuellement, près de 800 camions (+ 92 %) et 500 autobus (+ 35 %) au GNV sont en circulation en Auvergne-Rhône-Alpes. Leur ravitaillement se réalise dans 18 stations, et onze autres stations sont en projet. Ses promoteurs rappellent qu’un véhicule roulant au bioGNV émet trois fois moins de CO2 qu’un véhicule diesel comparable et réduit fortement la pollution locale. Mais la France n’est pas particulièrement en avance dans ce domaine : on compte 20.000 véhicules au GNV dans l’Hexagone... et deux millions dans le monde.
Et Georges Seimandi de conclure : « En matière de gaz, l’objectif est d’atteindre la neutralité carbone avec 100 % de gaz renouvelable d’ici 2050. Cela à travers trois filières : le biométhane, la gazéification des déchets divers et l’hydrogène vert qui est actuellement devenu un sujet majeur ».
(1) Filiale d’Engie, GRTgaz transporte le gaz des producteurs à destination des centrales de production d’électricité, des distributeurs publics qui desservent eux-mêmes les communes, et des sites industriels. En Auvergne-Rhône-Alpes, GRTgaz emploie 400 personnes et gère 3.930 kilomètres de canalisations.