Co-entreprise de Michelin et Faurecia, Symbio fabriquera, à Saint-Fons, dès le deuxième semestre 2023, 50 000 piles à combustibles par an.
DD
L’actualité de l’hydrogène s’accélère. Les annonces nationales s'égrènent régulièrement mais Auvergne-Rhône-Alpes n'est pas en reste. Les initiatives se multiplient pour alimenter en énergie le monde de la mobilité mais également les sites industriels.
Le 20 octobre, Emmanuel Macron signait un accord avec l’Espagne et le Portugal prévoyant la construction d’un pipeline sous-marin pour l’hydrogène vert entre Barcelone et Marseille. Trois jours plus tard, au Mondial de l’Auto à Paris, le Crédit Agricole annonçait commander, pour 1,2 milliard d’euros, quelque 10 000 voitures à hydrogène au jeune constructeur français Hopium, livrables à partir de 2025 !
85 % de sa production servira à la décarbonation de l’industrie
Auvergne-Rhône-Alpes n’est pas en reste. Lundi 17 octobre, son président Laurent Wauquiez réunissait les représentants de grands énergéticiens pour présenter le projet d’un réseau d’hydrogène vert desservant la vallée lyonnaise de la chimie. Jusque-là, la médiatisation de l’hydrogène vert comme moyen de stockage de l’électricité * concernait surtout les mobilités : trains, bateaux, autobus, automobiles, avions, etc. Mais Laurent Wauquiez tient à préciser : « L’hydrogène n’est pas destiné seulement à la mobilité. En réalité, 85 % de sa production servira à la décarbonation de l’industrie, sous forme d’électricité verte, constituant ainsi un élément de sa compétitivité. » Et d’insister : « On s’attend à ce que la filière crée entre 100 000 et 150 000 emplois d’ici 2030 en France. Or, la chance de notre région, c’est qu’elle est dotée d’importantes installations hydroélectriques, à la base de la fabrication de l’hydrogène vert. »
Une canalisation sous le Rhône
Exploitant l’énergie du fleuve Rhône (vingt usines hydroélectriques), CNR fait figure de pionnier, avec un démonstrateur de production d’hydrogène à Fos-sur-Mer (avec GRTgaz), des bornes de recharge à Lyon-Gerland et un projet de distribution dans le port de Lyon. La compagnie s’apprête à passer à la vitesse supérieure avec la mise en service, à partir de 2025, d’un électrolyseur de 20 mégawatts qui produira huit tonnes d’hydrogène par jour sur sa centrale de Pierre-Bénite. À travers une canalisation qui passera sous le fleuve, cet électrolyseur fournira son hydrogène à la gigafactory de Symbio, installée à un kilomètre de là, à Saint-Fons : celle-ci fabriquera dès l’an prochain des piles à combustible, notamment pour Stellantis. Porté dans un second temps à 90 mégawatts, l’électrolyseur de CNR pourra alors alimenter les besoins en hydrogène des nombreux industriels de la vallée.
GRTgaz se dit prêt quant à lui à créer un réseau d’hydrogène souterrain dans la Vallée du Rhône. Même son de cloche du côté de Storengy (Engie) : la société, qui stocke du gaz naturel dans des cavités salines à Étrez (Ain) et Tersanne (Drôme), dispose de quatre cavités prêtes à être utilisées pour l’hydrogène.
Bref, la course à l’hydrogène est bel et bien lancée et Auvergne-Rhône-Alpes est bien placée. Une nouvelle preuve ? McPhy a inauguré le 27 octobre à Grenoble une usine qui fabriquera des stations de recharge… pour la mobilité hydrogène.
* L’hydrogène vert est produit par électrolyse de l’eau (un process qui demande donc de l’électricité verte) et transformé en électricité grâce à une pile à combustible installée dans un véhicule par exemple.
Cet article a été publié dans le numéro 2515 de Bref Eco.