Sur la région Auvergne Rhône-Alpes, le potentiel de biodéchets estimé est de 600 GWh par an, permettant à 150 000 logements neufs de se chauffer au gaz.
Margot COQUARD FONTAN
Dans le cadre d’un appel à projet lancé par l’Ademe en 2021, le Sitom Sud Rhône a lancé une expérimentation de tri et de valorisation des biodéchets en gaz renouvelable. Ce projet local répond à des enjeux de décarbonation et d'indépendance énergétique.
Le Sitom (Syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères) Sud Rhône a déployé treize points d’apports volontaires sur huit communes, situées sur les trois communautés de communes de la Vallée du Garon, du Pays de l’Ozon et du Pays de Mornantais. Installés depuis neuf mois, ils devraient permettre la revalorisation de 23 tonnes de biodéchets d’ici la fin 2022.
René Martinez, président du Sitom Sud Rhône, témoigne, « quand un point de collecte est créé, nous avons dix à quinze foyers volontaires. L’objectif est d’aller chercher des foyers supplémentaires car, à terme, un point sera réellement efficace avec 40 foyers par zone de collecte. » Au total, près de 300 foyers participent déjà à l’expérience. Pour valoriser le maximum de déchets, René Martinez ambitionne le déploiement de 43 points de collecte sur le territoire, tout en augmentant l'adhésion des professionnels (bars, restaurants, Ehpads, écoles…) au dispositif. Un moyen pour atteindre, à terme, la valorisation de 500 tonnes de déchets par an.
Une chaîne de production locale
Chaque bac de collecte, d’une contenance de 240 litres, est étiqueté avec sa zone géographique d’appartenance et les habitants peuvent l’ouvrir grâce à un badge. Cette précaution permet notamment « de constater que le tri effectué est de qualité et que les habitants ont pris le réflexe de venir régulièrement sur les points de collecte. » Ensuite, l’entreprise Ecovalim se charge de collecter les déchets, les transporter et les déconditionner pour produire un mélange appelé « soupe ». C’est cette soupe qui sera acheminée à l’unité de méthanisation Méthamoly, située à Saint-Denis-Sur-Coise, pour produire du biogaz.
Depuis mars 2019, Méthamoly traite 10 000 tonnes d’effluents de six fermes ainsi que 7 000 tonnes de résidus de l’industrie agroalimentaire et déchets organiques. La méthanisation réalisée sur le site a de nombreux avantages. Elle participe à la fertilisation des terres grâce à la récupération du digestat produit, génère de l’emploi en local (huit à dix personnes à temps plein travaillent sur, ou en lien avec le site de Méthamoly) et contribue à l’alimentation de 1 500 foyers au niveau local, via l’injection de biométhane dans le réseau GRDF.
100 % de gaz renouvelable en 2050
Le biométhane est ainsi présenté comme une opportunité pour décarboner et relocaliser une part de la production de gaz. D’ici 2050, GRDF ambitionne de distribuer 100 % de gaz renouvelable et souhaite atteindre le taux de 20 % dès 2030. Si la première unité de méthanisation y a été raccordée au réseau de GRDF en 2012, la région Auvergne Rhône-Alpes en compte désormais une trentaine et vingt supplémentaires verront le jour en 2022.
À l’échelle nationale, la dynamique de la filière biométhane s’est poursuivie en 2021. En une année, 152 nouveaux sites de méthanisation ont été raccordés aux réseaux gaziers et la capacité installée (7,3 TWh/an), dépasse dès à présent les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie, fixés à 6 TWh/an en 2023.