Le process de fabrication à grande échelle des piles à combustible est fortement automatisé et robotisé. La réussite de Symbio dépendra des gains de productivité qui restent à réaliser.
DD
La métropole lyonnaise tient sa gigafactory : la nouvelle usine de Symbio, dénommée SymphonHy, vient d’être inaugurée. Il s’agit du plus grand site intégré de production de piles à combustible (PAC ou encore pile à hydrogène) en Europe. Un pas supplémentaire vers la réindustrialisation du pays.
L’inauguration de la nouvelle usine de piles à combustible de Symbio, à Saint-Fons dans l’agglomération lyonnaise, fut un événement rare où se sont retrouvés côte à côte élus politiques et dirigeants d’entreprises de haut rang. Il faut dire que l’investissement, qui fait partie d’un programme d’un milliard d’euros intégrant une deuxième usine du même type à venir sur le territoire national, est sensiblement aidé par l’Europe et l’État, d’où la présence pour l’événement de deux ministres, Agnès Pannier-Runacher (ministre déléguée à la transition énergétique) et Roland Lescure (ministre de l’Industrie), sans compter le ministre de l’Economie et des finances Bruno Le Maire intervenant par écran interposé.
Les présidents et représentants des collectivités (Région, Métropole) ainsi que le maire de la commune étaient là eux aussi : ils ont tout fait pour faciliter le dossier d’implantation (autorisations, formations, etc.) qui a abouti en moins de deux ans. Un temps record, reconnaissaient les dirigeants de Symbio, révélateur du caractère stratégique de la nouvelle usine sur la carte nationale des gigafactories.
L’hydrogène, complément de la batterie pour la mobilité électrique
L'usine de Saint-Fons abrite aussi le siège social de la société, son centre d’innovation et son centre de formation aux technologies de l’hydrogène. Il s’étend sur 26 000 m2 couverts (qui seront portés à 40 000 m2 à terme) et emploiera rapidement 750 collaborateurs dont 450 ingénieurs. Ici, seront donc fabriquées des piles à combustible : ces PAC permettent de produire de l’électricité à partir d’hydrogène et ainsi d’alimenter le moteur électrique des véhicules dans lesquels elles seront intégrées (autobus, autocars, pick-up, camions, matériels de levage et de manutention, véhicules utilitaires et automobiles). SymphonHy est dimensionnée pour produire chaque année 50 000 piles à combustibles, un niveau qui sera atteint en 2026.
À noter que les plaques bipolaires, composants majeurs des PAC, seront fabriquées à partir du premier trimestre 2024 en Alsace par Innoplate, une coentreprise créée avec la société allemande Schaeffler qui emploiera 120 personnes d’ici 2030, alors qu'elles étaient auparavant importées de Chine.
Stellantis et Forvia dans l'aventure
Issue du CEA Grenoble, Symbio avait été rachetée en 2014 par Michelin avant que le groupe auvergnat n’accueille deux actionnaires de renom. En 2019, c’est le groupe automobile Stellantis (14 marques dont Peugeot, Citroën, DS, Opel, Fiat, Ram, etc.), dont certains véhicules sont déjà équipés de PAC, qui rejoignait l’aventure. Puis, plus récemment, l’équipementier Forvia (ex-Faurecia) qui fabrique par ailleurs des réservoirs à hydrogène. Ces deux partenaires seront parmi les principaux clients de Symbio.
Gains de productivité indispensables
Présent lors de l’inauguration de SymphonHy, Carlos Tavares, dirigeant de Stellantis, expliquait : « L’hydrogène est un élément clé du puissant écosystème électrique que nous développons pour soutenir notre objectif audacieux d’atteindre, d’ici à 2030, 100 % de nos ventes en électrique en Europe et 50 % aux États-Unis ». Mais, prévenait-il, « il ne faut pas penser avoir gagné trop tôt. Le plus dur est devant nous ».
Car la question essentielle reste celle de l’abaissement indispensable du coût de fabrication des PAC, rappelée également par Philippe Rosier, président de Symbio. Celui-ci estime qu’il faut encore multiplier la productivité de l'usine par deux ! Seule une technologie de rupture permettra d’y parvenir. Symbio y travaille. Mais le chemin est encore long.