Le fabricant de surfaceuses de glace Euroglass poursuit son expansion internationale. Un développement qui passe par une entrée en Bourse et la construction d’une usine près de Montréal.
C’est l’entreprise familiale par excellence : Eric Bouiller, le père, la préside, épaulé par son épouse Françoise, à la DRH, et leurs enfants, Jérôme et Anne-Laure, au bureau d’études et à la direction financière. Une entreprise industrielle de petite taille (15 personnes) qui rêve de jouer dans la cour des grands, projets internationaux et entrée en Bourse à la clé. Pas froid aux yeux, le fabricant isérois de surfaceuses de glace et autres rambardes pour les patinoires !
Lorsqu’il reprend l’entreprise de métallurgie Dupon en 2006, dont il changera le nom deux ans plus tard, Eric Bouiller vient de passer quinze ans comme importateur français de ces grosses machines qui, en raclant la glace tout en épendant de l’eau sur le sol, permettent de lisser la surface gelée des patinoires. En roulant désormais pour lui-même, il sait que ses ambitions passeront d’emblée vers l’international. Premier pari réussi : les exportations d’Euroglass sont passées de 4 à 80 % des ventes en six ans. Dans l’Hexagone, où l’entreprise détient les quatre cinquièmes du marché, la société doit se contenter d’un marché de renouvellement des machines. La situation est semblable en Europe, même si les patinoires sont plus nombreuses dans les pays nordiques (150 en France mais 500 en Finlande et 600 en Suède). C’est donc vers la Russie et la Chine qu’il faut désormais se tourner : Euroglass y vend aujourd’hui les deux tiers des trente surfaceuses fabriquées chaque année dans son atelier de Barraux, près de Pontcharra. Celles-ci seront d’ailleurs présentes sur les patinoires d’entraînement des J.O. de Sotchi.
Mais l’avenir de la société iséroise est aussi en Amérique du nord : elle vient d’entamer la construction d’une usine près de Montréal, pour un investissement d’un million d’euros, cofinancé avec un industriel local. Euroglass se pose ainsi sur le premier marché mondial : aux 7 200 patinoires construites, on peut y rajouter 5 000 lacs qui, l’hiver, constituent des sites naturels prisés. Le marché est tenu par deux concurrents américains, pratiquement dix fois plus gros qu’Euroglass ? Même pas peur ! La nouvelle usine, opérationnelle début janvier 2014, sera capable de produire une quarantaine de machines chaque année. Eric Bouiller prépare par ailleurs le rachat d’une entreprise finlandaise.
La croissance annoncée va demander des liquidités. La société a donc décidé, sur les conseils de Louis Thannberger, d’entrer en Bourse. L’opération se fera dans quelques semaines. Dans un premier temps, il s’agit de lever un million d’euros, probablement le double à moyen terme. Sur les nouveaux marchés abordés, l’innovation sera décisive. Eric Bouiller le sait. Les machines conçues et construites à Barraux sont désormais toutes à motorisation électrique. Et, d’ici peu, le dirigeant les veut totalement robotisées, de façon à ce qu’elles puissent fonctionner sans chauffeur. Une bonne manière de tenir la concurrence loin sur la glace.
Didier Durand
Photo : Jérôme, Anne-Laure, Françoise et Eric Bouiller.
Bref Rhône-Alpes n° 2131 du 18/09/2013
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