Hamid Sailani et Maxime Boniface, fondateurs de Champiloop, préparent l'ouverture de leur seconde champignonnière urbaine.
V.Riberolles
La jeune entreprise grenobloise Champiloop prépare dans un parking désaffecté à Saint-Martin d’Hères, un second site de production de shiitakés et de pleurotes. Le projet de champignonnière urbaine prend de la consistance. Les deux fondateurs disposeront d’ici le mois de février prochain d’une capacité de production mensuelle multipliée par trois.
L’entreprise Champiloop fondée il y a deux ans par Maxime Boniface et Hamid Sailani, produit en moyenne dans les caves de la Frise à Eybens sur le bassin grenoblois, environ 700 kilos de champignons chaque mois. C’est le résultat d’un projet construit sur les principes d’une agriculture urbaine biologique en pleine expansion : une économie circulaire, une alimentation locale, une maîtrise des circuits courts de l’amont à l’aval. La jeune société termine en ce moment l’agrandissement de ses espaces de production à Eybens.
Trois tonnes de champignons par mois
Le site historique dans lequel Hamid Salimi - diplômé en génie agronomie - avait déjà testé une production au sein de l’association Germ (Eybens), disposera dès novembre d’une capacité mensuelle d’une tonne de shiitakés et de pleurotes. Avec son partenaire Maxime Boniface, le cofondateur de Champiloop, il lance au même moment l’aménagement d’un second espace de production. Située dans un parking désaffecté sur la commune voisine de Saint-Martin-d’Hères, la future champignonnière permettra à la ferme urbaine de tripler sa production qui pourrait atteindre trois tonnes chaque mois.
Investissement de 700.000 euros
Le futur site, d’une surface proche de 1.000 m², devrait être opérationnel dès le mois de février 2023. Son aménagement va nécessiter un investissement de 700.000 euros dont une grande part est supportée par une série de subventions et de prêts d’honneur apportés par des partenaires comme l’ANRU (dans le cadre de l’appel à projet Quartiers fertiles), Grenoble Alpes Métropole, la ville de Saint-Martin-d’Hères ou encore le Réseau Entreprendre Isère. L’activité de production et de vente a permis de dégager un chiffre d’affaires de 80.000 euros sur l’exercice 2021-2022, clôt au mois d’août.
Intégralité des ventes sur le bassin grenoblois
Avec la seconde champignonnière, les dirigeants de Champiloop peuvent voir plus grand sur un marché local qu’ils ont déjà du mal à fournir. La société espère atteindre un chiffre d’affaires de 200 à 300.000 euros dans les trois ans. Elle écoule l’intégralité de sa production dans un rayon de 15 kilomètres sur le bassin grenoblois auprès d’un réseau d’épiceries, de restaurateurs et de particuliers qui peuvent aussi s’approvisionner sur la boutique d’Eybens. Champiloop vient d’être référencée auprès du grossiste Métro et de la société d’intérêt collectif Manger Bio Isère.
Contrôler la production du substrat
L’activité est basée à 80 % sur la vente de champignons frais. L’entreprise développe aussi plusieurs offres avec des champignons séchés en vrac, en sachets et une gamme de tartinables pour le marché des produits apéritifs. Champiloop a donc une vision assez précise d'un modèle économique qu’elle appuie sur un sourcing local de la matière première nécessaire à la culture des champignons, à savoir le substrat. Si elle ne maîtrise pas la culture du mycélium (la partie végétative des champignons), elle veut contrôler à la fois l’origine et la qualité de son substrat de pousse. La société a ainsi développé un réseau de partenaires en capacité à l’approvisionner en bio déchets comme les déchets de sciure de bois, de paille et la drêche de bière.
Modèle abouti de champignonnière urbaine
Concentrés sur les travaux d’agrandissement et le développement rapide de leur activité, Hamid Sailani et Maxime Boniface arrivent néanmoins à garder un œil sur le devenir de leur concept. Avec Saint-Martin-d’Hères, la production interne de substrat et l’organisation d’un réseau de ventes efficaces, Champiloop va disposer « d’un modèle abouti de champignonnière urbaine, » explique Maxime Boniface. Et l’idée de dupliquer le pilote grenoblois sur d’autres bassins urbains fait son chemin.