Booster et Symbio : voisins, les deux projets sont longés par le périphérique et le Rhône.
Symbio
Une phase de reconquête économique du territoire de Saint-Fons est en cours, au coeur de la Vallée de la Chimie. Après l'annonce de la future implantation de la plus grande usine de piles à combustibles de France, un autre programme débarque, regroupant 7.800 m² de laboratoires et bureaux.
« Chargé d’histoire » : quand Yvan Patet, dirigeant du groupe de promotion-construction em2c, parle du territoire qui accueille l’un de ses nouveaux programmes immobiliers, les paroles sont tout en retenue. À ses côtés, le maire de Saint-Fons, Christian Duchêne, est plus direct quand il évoque sa commune et ses environs. Car si ce Couloir de la chimie lyonnaise, devenu Vallée de la chimie (« c’est plus bucolique »), reste une pièce maîtresse de cette industrie née à Lyon il y a plus de deux siècles, il a aussi connu la désindustrialisation durant ces dernières décennies. Particulièrement touchée, la ville de Saint-Fons, labellisée « Territoire zéro chômeur de longue durée », tente de se reconstruire. Dans les prochaines années, plusieurs projets urbains contribueront à lui redonner une certaine fierté (arrivée du tramway en 2026, écoquartier…). C’est le cas de deux programmes lancés récemment, Booster et Symbio, qui vont redonner vie à des friches industrielles.
3.700 m² pour la R&D d'Adisséo
Booster regroupera 7.800 m² de laboratoires et bureaux qu’em2c a déjà partiellement commercialisés. Son premier occupant sera le chimiste Adisséo, un groupe issu de Rhône-Poulenc désormais à capitaux chinois (Elkem-Bluestar). Il y regroupera, sur 3.700 m², ses activités de R & D. Déjà très présent dans la région (Vaulx-en-Velin, Saint-Fons, Commentry, Roussillon, Saint-Clair-du-Rhône), Adisséo investit 17,7 millions d’euros dans ce centre d’innovation d’envergure mondiale qui emploiera 150 collaborateurs. Emmanuel Goldberger, directeur des opérations France d’Adisséo, rappelle : « Notre groupe, relativement modeste à l’échelle mondiale (2.300 salariés dont 1.200 en France), fabrique de la méthionine, un acide aminé utilisé comme complément alimentaire pour le bétail. Nous exportons 95 % de notre production française. »
40.000 m² pour les piles à combustibles Symbio
À quelques encablures de là, la construction de l’usine de Symbio, une joint-venture entre Michelin et Faurecia, est en cours. Le site, qui représente un investissement de 100 millions d’euros, développera 40.000 m² pour fabriquer des piles à combustible (PAC), pièces maîtresses de la filière mobilité hydrogène. Sa production, aujourd’hui réalisée dans un lieu provisoire à Vénissieux, sera lancée en 2023. Elle pourra s’élever à 100.000 PAC par an d’ici 2028 et en fera la plus grande gigafactory française dans ce domaine stratégique pour la souveraineté européenne. Son premier client vient d’être dévoilé : il s’agit de Stellantis. Le constructeur automobile (Peugeot, Citroën, Opel, etc.) vise 10.000 véhicules utilitaires légers à hydrogène vendus en 2024. Autre client annoncé : Safra, qui adresse quant à lui le marché des autobus.
La future usine, dotée d’un centre de R & D et d’un incubateur de start-up, emploiera mille personnes. Face au challenge du recrutement, Symbio s’est aussi dotée d’un programme de formation. Enfin, pour ses propres besoins en hydrogène vert, Symbio sera alimenté par un électolyseur et un gazoduc depuis l’usine hydroélectrique de CNR, sur la commune voisine de Pierre-Bénite.
Soutenus par la Métropole, Booster et Symbio vont ainsi contribuer à la longue mutation de la Vallée de la chimie… dont l’appellation a encore de l’avenir.
Cet article a été publié dans le numéro 2506 de Bref Eco.