Antoine Duchemin, Antoine Boudon et Alexis Trubert, cofondateurs d'Agri.Builders.
La start-up lyonnaise Agri.Builders a développé une solution innovante de biocontrôle par drone, permettant de préserver les cultures. Ce service pour les agriculteurs a vu le jour au cœur de la cellule innovation de Groupama Rhône-Alpes Auvergne.
Alexis Trubert, Antoine Duchemin et Antoine Boudon, ingénieurs formés à l'École Centrale de Lyon ont lancé, en 2021, la start-up Agri.Builders. Les trois jeunes hommes ont développé Pherodrone, une solution innovante à destination des agriculteurs : la pose, par drone, de colliers diffuseurs de phéromones dans les arbres afin d’éloigner le carpocapse, un insecte particulièrement ravageur.
Le carpocapse est un véritable fléau dans les vergers. Pour s’en prémunir, deux solutions : les pesticides, chimiques, ou le biocontrôle. « En répandant des phéromones, on empêche les insectes de se repérer et, donc, de se reproduire. On attire les mâles et on éloigne les femelles, ce qui crée de la « confusion sexuelle » », explique Antoine Boudon. Si le biocontrôle est une solution efficace, parfois moins coûteuse à terme, et plus écologique que les pesticides, elle n’est pas facile à mettre en œuvre dans certaines cultures difficiles d’accès (arbres très hauts, terrains en pente, etc.). D’où l’intérêt de la solution par drone. D’autant que les colliers sont installés une fois, au printemps, et ne retombent pas.
Un bureau d’études pour développer de nouvelles solutions
Aujourd’hui, Pherodrone est utilisée par des producteurs de noix et de châtaignes, en particulier dans l’Isère, en Ardèche ou dans le Périgord : « Nous avons noué des partenariats avec des coopératives agricoles qui achètent en même temps les phéromones et la solution par drone », explique Antoine Boudon.
Si, au départ, Agri.Builders utilisait des drones du commerce, l’entreprise a aujourd’hui développé son propre modèle de drone. Par ailleurs, « nous vendons une solution clé en main aux agriculteurs, avec logiciel et pose de colliers de phéromones par drone », précise Antoine Boudon. Le logiciel est même vendu seul à d’autres entreprises.
Nous travaillons à un lâcher d’insectes stérilisés par drone
Agri.Builders est en perpétuelle évolution. A travers son bureau d’études, elle développe de nouvelles solutions pour faciliter la vie des agriculteurs. La start-up collabore avec des coopératives agricoles, des entreprises industrielles, des centres de recherche… Avec l’un d’entre eux, « nous travaillons à un lâcher d’insectes stérilisés par drone afin de limiter leur reproduction et, donc, les dégâts dans les cultures », ajoute l’entrepreneur.
Le soutien de Groupama Rhône-Alpes Auvergne
Pour cerner les besoins des agriculteurs, les trois entrepreneurs se rendent régulièrement sur le terrain. Ils continuent donc d’appliquer le concept du « design thinking », l’une des clés de voûte de la cellule innovation de Groupama Rhône-Alpes Auvergne, dont fait partie Agri.Builders.
Dès 2017, Philippe Vayssac, créateur de la cellule innovation, est entré en relation avec l’Ecole Centrale pour trouver une solution au problème de la pose de colliers diffuseurs de phéromones sur des arbres trop hauts et, donc, difficiles d’accès, après avoir identifié ce besoin auprès des agriculteurs. Les trois ingénieurs ont répondu présents et, trois ans plus tard, ils déposaient le brevet pour leur solution.
Aujourd’hui, Groupama Rhône-Alpes Auvergne n’est pas actionnaire d’Agri.Builders, contrairement aux autres start-up de la cellule innovation. Cependant, l’assureur apporte à l’entreprise un soutien certain et une légitimité auprès des agriculteurs – Groupama étant le premier assureur du monde agricole. De plus, les solutions développées par Agri.Builders permettent de prémunir les agriculteurs des accidents (les chutes en installant en hauteur des colliers de phéromones, par exemple), et d’éviter les sinistres liés aux insectes qui ravagent les cultures.
Aujourd’hui, « l’entreprise est rentable », explique Antoine Boudon. En 2023, la start-up devrait enregistrer un chiffre d’affaires de 200 000 euros et exporter sa solution dès 2024.