Le redressement accélère une restructuration du réseau Envie Rhône-Alpes entamée il y a déjà quelque temps.
DR Envie
Placée en redressement judiciaire fin avril 2025 avec une période d’observation de six mois qui pourra être reconduite pour six mois supplémentaires, l’association Envie Rhône-Alpes, entreprise d’insertion qui concerne un quart de l’activité du groupe Envie Rhône-Alpes, se structure pour trouver une issue favorable. Cette situation montre les difficultés du marché du reconditionnement et de la vente d’appareils électroménagers pour une seconde vie.
L’association placée en redressement judiciaire porte l’activité du réemploi de l’électroménager pour lui donner une seconde vie et le remettre dans le circuit de la vente. Elle compte 125 salariés sur les 400 que totalise le groupe en local, dont 75 personnes en insertion professionnelle et 50 salariés permanents. « La structure était déjà en déficit en 2023 parce qu’un déploiement important avait été opéré sur nos sites de Villeurbanne, dans la Loire et en Isère, détaille Kévin Guillermin, secrétaire général du groupe Envie Rhône-Alpes. En 2024, l’association a perdu 1 million d’euros. La vente des produits et les aides aux postes se montaient au global a environ 6 millions d’euros ».
Le directeur explique les difficultés par deux causes principales : « En 2020, la loi Agec fixe de grandes ambitions pour le réemploi afin de passer de 1 à 5 %. Le réseau Envie décide de prendre sa part dans ces ambitions et opère un changement d’échelle pour récupérer et reconditionner davantage d’appareils électroménagers. Nous devenons propriétaire d’un nouveau site à Saint-Etienne. Nous ouvrons à Grenoble d’abord un atelier en 2023 puis un magasin en 2024. Nous faisons le job mais le marché se déstabilise ».
La surchauffe d'un secteur en plein boum
Vient alors la seconde cause des difficultés du réseau. « L’économie circulaire devient tendance et de nouveaux acteurs s’intéressent au marché. Des fabricants commencent à récupérer leurs propres appareils. Des start-up s’emparent également de l’activité ». C’est alors la course au sourcing d’appareils en meilleur état pour ne pas grignoter les marges. Le fondement même du réemploi semble un peu ébranlé par une filière qui s’emballe. « L’intérêt du réemploi, c’est de récupérer un lave-linge en déchetterie, pas du matériel simplement déclassé », souligne Kévin Guillermin. Des coûts salariaux qui augmentent pour les opérateurs en réinsertion et des budgets énergie qui explosent finissent d’impacter tout le modèle économique d’Envie. « Nous ne pouvions pas répercuter les augmentations de coûts sur les prix de vente ».
Réduire la voilure, mieux sourcer, élargir la clientèle
Avant le redressement, le réseau a entamé une restructuration. « Nous réduisons la voilure, se désole Kévin Guillermin. Le site de Grenoble se concentrera à capter les gisements et à vendre avec le maintien du magasin. Sa surface sera divisée par trois. Les appareils collectés seront rapatriés sur les sites de Villeurbanne et Saint-Etienne pour reconditionnement. Nous allons être plus sélectifs sur le sourcing afin de collecter moins d’appareils tout en s’assurant que nous pourrons mieux les vendre ».
Le réseau Envie ne disparaîtra pas
Jusqu’ici la vente servait principalement des particuliers, au pouvoir d’achat dégradé ou qui optaient pour ce mode de consommation par conviction. Le réseau veut aujourd’hui tenter d’élargir sa clientèle. « Nous sommes en lien avec des bailleurs sociaux qui pourraient équiper leurs logements d’appareils reconditionnés et garantis par notre réseau. Une façon d'écouler nos stocks par le volume », cite pour exemple Kévin Guillermin. « Le réseau Envie ne disparaîtra pas, assure le dirigeant. Nos partenaires nous encouragent à tenir bon et nous avons de bons espoirs de retrouver l’équilibre financier en 2026 ».