Les deux villes ont d’ores et déjà annoncé qu’elles étaient candidates pour l’obtention du label French Tech. Objectif : rivaliser avec les grands centres mondiaux du numérique.
Miguel Valdés-Faura, patron de la start-up grenobloise Bonitasoft, n’est pas peu fier d’avoir échangé avec François Hollande et Fleur Pellerin lors de leur récente visite aux Etats-Unis. En inaugurant un incubateur français dans la Silicon Valley, le Président poussait la dynamique enclenchée par sa ministre déléguée à l’Economie numérique, à travers la création de la marque French Tech et l’annonce d’une enveloppe de 200 millions d’euros destinée aux villes françaises qui seront ainsi labellisées (Lyon et Grenoble sont déjà candidates). Objectif : tenter de rivaliser avec les grands centres mondiaux du numérique.
Créée en 2009 à Grenoble où elle concentre tous ses moyens en R&D (100 personnes), Bonitasoft s’est implantée à San Francisco (20 personnes) et en Floride, sur le marché le plus dynamique au monde, où elle espère faire exploser les ventes de ses logiciels. “Les start-up qui traversent l’Atlantique vont chercher aux Etats-Unis des clients très réceptifs aux nouvelles technologies”, explique Laurent Fiard, dirigeant de l’éditeur Visiativ et initiateur de l’incubateur lyonnais Axeleo. “Mais elles sont aussi en quête de capitaux, lesquels manquent cruellement en France : quand une start-up lève 1 million d’euros chez nous, elle peut en attirer 10 aux Etats-Unis”.
Et il sait de quoi il parle, pour avoir déjà tenté l’aventure américaine. C’était en 2008 (certes, pas le moment le plus favorable !). “IBM avait élu l’un de nos logiciels parmi les meilleurs de l’année. Nous avons donc voulu l’implanter aux Etats-Unis. Mais nos moyens financiers étaient trop limités en regard des besoins en marketing nécessaires pour percer là-bas. Nous avons finalement dû renoncer”.
Pour éviter une évasion massive des start-up françaises vers les Etats-Unis et convaincre les capitaux américains de (re)venir s’investir dans l’Hexagone, l’écosystème français devra rester attractif. Et ce n’est pas gagné, même s’il a des atouts. En Rhône-Alpes, le pôle de compétitivité Minalogic (micro et nanotechs, logiciels) et le cluster Edit (logiciels), l’un basé à Grenoble et l’autre à Lyon, ont décidé d’allier leurs forces, sous l’égide de la Région Rhône-Alpes qui les cofinance.
Comme l’explique Philippe Wieczorek, directeur du groupe logiciels chez Minalogic : “Si nous voulons jouer un vrai rôle à l’échelle internationale, il nous faut travailler en partenaires, Minalogic apportant les technologies, Edit le contact avec les marchés. Car si Rhône-Alpes compte environ 70 000 emplois dans les NTIC, Paris en recense 440 000 et Munich 140 000. La complémentarité entre Lyon et Grenoble doit jouer à fond”.
Le rapprochement a déjà débouché sur des événements co-organisés et le recrutement d’un salarié commun aux deux structures. “Les institutions et les politiques ont pris conscience de l’importance de la filière du logiciel et du numérique, longtemps restée dans l’ombre de la micro-électronique et des nanotechnologies grenobloises”. Et pourtant créatrice de richesses et d’emplois. Alors, un WhatsApp rhônalpin, c’est pour quand ?
Didier Durand
@didierldurand
Photo : ©Sud Architectes.
Bref Rhône-Alpes n° 2151 du 26/02/2014
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