Kerry a cédé sa filiale Aptunion au groupe financier Verdoso. Aujourd’hui, on commence à voir où le repreneur a l’intention de conduire cette entreprise issue d’un regroupement ancien des principaux industriels du fruit confit aptésien.
Oliver Charles est très optimiste. Pas seulement parce qu’à l’occasion de la cession d’Aptunion à Verdoso (Paris), il est entré au capital de la holding de reprise : Aptunion Industrie. Pas davantage parce qu’il est monté en grade, passant de la direction administrative et financière à la fonction de Pdg. Ce qui le porte, c’est plutôt la conviction acquise, depuis l’arrivée du repreneur, de sa volonté réelle de développer l’entreprise. Et pas pour la revendre au plus vite au plus offrant.
Après un audit approfondi, une nouvelle stratégie a été définie. "Ces dernières années nous étions de bons industriels mais pas de bons vendeurs", laisse tomber Oliver Charles. Du coup, trois nouveaux commerciaux viennent d’être recrutés, deux vont épauler le duo déjà en poste pour développer les marchés traditionnels. Le troisième sera en charge des pays émergents. "Nous allons essayer de vendre davantage, bien sûr, mais surtout ce que nos clients attendent", précise le Pdg. Des groupes de travail ont été organisés avec les principales cibles commerciales afin d'imaginer les produits de demain avec un axe fort : naturalité et santé. Un effort particulier va être engagé sur la R&D. Les nouveaux produits devraient pouvoir être sur le marché d’ici deux à trois ans. "Notre métier principal est l’inclusion de fruits. Nous allons donc mettre l’accent sur les cerises et les pépites de fruits. Mais les pépites ont déjà dix ans. Il va donc falloir innover", insiste-t-il. Un nouveau chef de produit vient d’être embauché.
Côté industriel, un investissement de quasi 3 millions d'euros va être réalisé afin de moderniser l’outil, dont la part la plus importante en année une. L’amélioration va porter sur la qualité, la productivité et la sécurité au travail. Quant à l’embauche, le repreneur s’est engagé à conserver les 200 salariés et, tout en restant "très, très, très prudent", Olivier Charles n’exclut plus de nouvelles embauches à terme, lorsque l’appareil productif sera remonté en charge.
La volonté de développer les cerises confites réchauffe le cœur des producteurs locaux qui, confrontés à une diminution régulière des volumes traités par Kerry-Aptunion depuis quelques années, arrachaient leurs arbres. "Le GR4, notre usine dévolue au traitement de la cerise, ne tourne qu’à 70 % de ses capacités, explique le Pdg. Sur ce marché très concurrentiel, une usine doit tourner au minimum à 90 % de son potentiel. Cela représente 1 500 à 2 000 tonnes de plus à traiter chaque année. En année normale, la production locale devrait suffire. Mais on doit commencer à penser qu’un jour, peut-être, les producteurs seront appelés à planter de nouveaux arbres."
Restait un point à régler : la station de traitement des eaux industrielles partagée avec Fruprep, l’entreprise issue de la cession, par Kerry-Aptunion, de l’activité fruits pour yaourts au Portugais Frulact en 2009 (SI n° 666). Plusieurs mises en demeure de mise aux normes de la préfecture n’avaient pas été suivies d’effet. Frulact refusait d’être associée à un investissement de 2,5 à 3 millions d'euros pour le traitement des effluents des deux entreprises. Depuis le début de l’année, les travaux de mise aux normes ont été engagés et financés à hauteur de 1,5 million d'euros par Kerry. Ils seront achevés en décembre. Pour associer à moindre coût Frulact à l’opération, Aptunion travaille à une solution technique qui devrait être finalisée bientôt et serait beaucoup moins onéreuse. Les discussions ont donc repris entre les deux voisins.
Jacques Gelin
Chiffre d'affaires 2011 : 32 millions d'euros. Il sera identique en 2012.
Sud Infos n° 803 du 12/11/2012
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