Cécile Galoselva dirige ETIC® Foncièrement Responsable, une société qu’elle a créée dans le champ de l’économie sociale et solidaire.
“Entrepreneure sociale, engagée, idéaliste et… déterminée” : voici les termes qui viennent à l’esprit de Cécile Galoselva, 42 ans, quand on lui propose de se résumer en quelques mots. L’exercice n’est pas facile, mais la souriante quadragénaire, fondatrice et dirigeante d’ETIC, se prête, appliquée, au jeu.
C’est au 107 de la rue de Marseille, dans le 7ème arrondissement de Lyon, qu’elle nous reçoit. Là, dans un immeuble de trois étages de quelque 2 000 m2 va éclore, mi-2016, un espace destiné à accueillir, à des prix 30 % inférieurs à ceux du marché, des entrepreneurs sociaux : “Il s’agit du premier espace de ce type à Lyon”, se félicite-t-elle. Pour autant, la fondatrice et “pédégère” d’ETIC n’en est pas à un coup d’essai.
Depuis la création de sa société en 2010, ont déjà fleuri en France plusieurs réalisations estampillées ETIC : le Comptoir de Vaulx-en-Velin, le Beeotop à Paris, les Ateliers de Castres, le Mundo-M à Montreuil… “Et pour la petite histoire, souligne-t-elle, c’est ici, au 107, que se situait le Centre d’études franco-américain de management (Cefam) où, à l’âge de vingt ans, j’ai passé un an pour mettre à niveau mon anglais”. Au moment de la mise en vente de l’immeuble par le propriétaire, le groupe de formation IGS (dont le Cefam fait partie), gageons que cet heureux hasard a facilité les contacts.
Petit retour en arrière : Cécile naît en 1973 dans une cité HLM de Bron-Terraillon. Elle est la fille unique de parents ouvriers, aimants, bienveillants. “Depuis toute petite, ils me disaient que j’irai loin…” A 18 ans, elle passe à Lyon un BTS de commerce international. “Et là, je me suis dit que mon anglais était assez nul”, s’amuse-t-elle. Qu’à cela ne tienne ! Encouragée par l’un de ses professeurs, elle passe une année préparatoire au Cefam, donc, avant de s’envoler aux Etats-Unis. Cap sur la Virginie : “J’ai fait un prêt bancaire, puis j’ai décroché mon bachelor en un an”. Ensuite ? “Je suis restée car sitôt diplômée, j’ai été recrutée dans une agence de panneaux publicitaires à Chicago”.
Mais une fois entrée dans la vie active, elle est frappée par la très forte ségrégation entre les classes sociales. “J’étais logée dans une résidence de luxe. Chacun ressemblait à son voisin. Cela ne correspondait pas du tout à mes valeurs”. Retour en France en 1996 : “Avec trois millions de chômeurs, côté recherche d’emploi, j’ai un peu galéré”. Assez rapidement cependant, elle décroche un premier poste intéressant chez Dynamax à Paris (producteur de films en relief), suivi d’autres à Quintess notamment, une entreprise parisienne de conseil et d’animation marketing.
L’entrepreneuriat social, Cécile plonge dedans en 2002/2003… et n’en sortira plus ! “J’étais en quête de sens. J’avais une vie qu’on peut qualifier d’heureuse, des responsabilités… Néanmoins, c’était étrange, le soir, je ressentais comme un petit malaise. Une espèce de vide”. Grâce au sponsoring de son employeur de l’époque, elle part un an à l’Université d’Oxford et y décroche un MBA. C’est là qu’elle découvre le “social business”. “Un vrai déclic”, se remémore-t-elle, tout sourire.
Elle rejoint Ethical Property en 2004, dont elle s’inspirera pour créer ETIC, et devient le bras droit du président fondateur, participant à la transformation de cette start-up de cinq personnes en une PME de cinquante employés. Elle dirige alors une équipe de 35 personnes, gérant seize bâtiments et 250 locataires répartis sur neuf villes anglaises et écossaises. En 2010, bien décidée à dupliquer le modèle en France, elle rentre à Lyon. L’aventure ETIC peut commencer !
D’où lui vient ce sens de l’engagement qu’on ressent profondément chevillé au corps ? Elle réfléchit, sourit, lève le voile, un peu seulement : “J’ai toujours eu ça en moi… Depuis toute petite, l’injustice, sous toutes ses formes, m’insupporte. Et, confrontée à cela, je ne peux pas m’empêcher d’intervenir”. Alors, à l’heure où les inégalités ne cessent de se renforcer, à l’heure où les ressources de la planète s’épuisent, Cécile Galoselva, chef d’entreprise mais également mère de deux filles de 8 et 13 ans, a choisi de se tenir loin du fatalisme et du cynisme ambiants.
Et d’agir ! “Je le fais à mon échelle, et selon une approche pragmatique, en facilitant par exemple, via ETIC, le travail d’entreprises et d’organisations qui œuvrent dans différents domaines pour que le monde aille un peu mieux”. Et d’ajouter : “Si nous sommes nombreux à faire de petites choses, alors l’impact peut être décuplé”. Une action toute en douceur, calme et détermination, à la manière des papillons qui, imperceptiblement, battent des ailes.
Nadia Lemaire
Photo : © 2012 Sue Corporate Photography.
Bref Rhône-Alpes n° 2208 du 01/07/2015
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