Lors des vœux de la Sara, la société d’aménagement de la Capi (Communauté d’agglomération Porte de l’Isère), son président Alain Cottalorda n’a pas été tendre envers l’Etat qui, du temps de la Ville nouvelle et de l’Epani, “a laissé s’éteindre le gisement foncier sans le renouveler”. Et d’ajouter : “Aujourd’hui, le territoire n’a plus les terrains nécessaires pour poursuivre son développement économique”. Le Nord-Isère - premier pôle logistique de France avec 2 millions de m2 d’entrepôts et 14 000 emplois - ne dispose plus que d’une seule parcelle de 17 hectares qu’il s’apprête à commercialiser (lire Bref n° 2105 ; projet Campanos).
“Avec le Grenelle de l’environnement, nous construisons 20 % de surface en moins sur le même terrain ! Or, il va bien falloir apprendre à rentabiliser et économiser l’espace”, poursuit Alain Cottalorda pour qui l’avenir de la logistique régionale se joue désormais sur la Plaine de Saint-Exupéry, aux portes de l’aéroport, avec un potentiel de 180 hectares. “Avec la Communauté de communes de l’Est lyonnais, les départements du Rhône et de l’Isère, et l’Etat, nous sommes en train d’y définir un schéma de référence qui devrait permettre une révision du plan local d’aménagement”.
Du côté du Pil’es (Pôle d’intelligence logistique Europe du Sud), on fait cependant remarquer qu’“aucune décision n’est possible avant 2014, entraînant au mieux une disponibilité à partir de 2016*”. Il faut pourtant faire vite, les études prospectives faisant état d’un besoin de 700 hectares de foncier à vingt ans. Or, on en est loin, d’autant que les communes ne sont pas toutes enclines à accueillir des activités logistiques avec leurs lots incessants de camions et de bâtiments à l’allure austère.
De leur côté, les acteurs de l’immobilier sont également inquiets : “nous sommes en quasi-pénurie d’entrepôts de classe A (dernière génération) alors qu’ils ont représenté 90 % des transactions en 2012”, explique Laurent Vallas, directeur de Jones Lang LaSalle à Lyon, avant de tirer la sonnette d’alarme : “L’offre disponible (340 000 m2) est plutôt obsolète et ne répond plus au besoin des utilisateurs”.
Problème, car pour le Pil’es, la requalification des friches logistiques ne représente pas non plus une “alternative crédible” : "elle ne permet pas de répondre à la demande exprimée pour des sites de grande taille". Et de toute façon, le total des friches représenterait, en région lyonnaise, 55 hectares de terrain… soit moins d’un an de consommation !
Et avec les nouveaux modes de consommation (e-commerce en tête) et le recours aux flux toujours plus tendus, la logistique reste au cœur de l’écosystème.
Corinne Delisle
* Source : Livre blanc “Foncier et territoire : les enjeux de la logistique de demain” paru en décembre 2012 et téléchargeable sur www.pole-intelligence-logistique.com
Photo : Avec 2 millions de m2 d'entrepôts, le Nord-Isère est le premier pôle logistique de France.
Bref Rhône-Alpes n° 2106 du 06/02/2013
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