Créer un robot humanoïde capable d’empathie : c’est le challenge que se lancent la société Hoomano et le laboratoire Liris.
Le récent Salon des objets connectés, de l’intelligence artificielle et de la robotique (Sido ; Lyon) a mis en évidence, une nouvelle fois, la fascination qu’exercent ces nouvelles technologies. Une fascination qui n’exclut pas les inquiétudes.
Que ces inquiétudes soient d’ordre social (emploi), sociétales (big brother), sécuritaires (hackers), éthiques ou philosophiques, les interrogations suscitées par l’intelligence artificielle n’ont pas fini de nous démanger. Et de nous déranger. La déferlante des robots, bien au-delà des bras manipulateurs dans l’industrie, génère une bonne partie des débats en cours. Les questions concernent en particulier la relation que « nous », humains, sommes appelés à entretenir avec « eux ». C’est le sujet sur lequel va travailler le laboratoire Behavior.ai. Cette structure publique/privée vient d’être créée à Lyon par la jeune entreprise Hoomano et le Liris*.
Empathie artificielle
Elle est appelée à étudier et concevoir de nouvelles formes d’interaction humain/machine « afin de créer des robots plus empathiques, capables d’apprendre au fur et à mesure qu’ils interagissent avec leur environnement ». Car il faut bien le reconnaître : jusqu’à présent, les robots d’accueil (qu’on commence à rencontrer dans certains espaces publics) ou de compagnie (accompagnant les enfants dans leur apprentissage ou leur maladie, par ex.) sont stéréotypés, vite perturbés par une question, un comportement ou des bruits que leur logiciel n’a pas pris en compte. Behavior.ai doit donc permettre au robot d’apprendre au fil de ses interactions et d’adopter un comportement adapté à ses interlocuteurs humains. Il pourrait alors être capable d’empathie en « comprenant » le ton de vos paroles (colère, tristesse, joie), en interprétant le sens de votre regard, de vos gestes ou de votre posture.
Comme un bébé qui progresse
Cette empathie artificielle lui permettrait d’engager la conversation, d’échanger dans une relation perçue comme naturelle et intuitive. « Nos travaux reposent sur la théorie de Piaget concernant l’apprentissage des enfants. Le robot doit être amené à développer lui-même un modèle prédictif, comme un bébé qui progresse », explique Amélie Cordier, chief scientific officer chez Hoomano. La chercheuse, qui veut ouvrir un champ dont on ne connaît pas les limites, ne veut pas être dupe : qu’est-ce que l’intelligence ou l’empathie d’un robot si ce n’est… une illusion ?
Une autre révolution
On n’en a pas fini avec l’IA. On n’en est même qu’au début. Prochain rendez-vous à Grenoble le 15 mai : dans le cadre du Forum 5i, dix projets innovants seront présentés sur ce thème. Comme celui d’Odonatech (en partenariat avec l’Université Savoie Mont Blanc) sur la finance comportementale : ses algorithmes analysent les multiples facettes de la personnalité d’un investisseur, détectent les émotions susceptibles d’agir sur ses décisions, permettant ainsi à un conseiller financier de s’adapter à la psychologie et à la personnalité de chacun de ses clients. Quand on vous dit que l’intelligence artificielle est une révolution…
* Université de Lyon, Insa, CNRS, Centrale Lyon. Budget total : 600 K€ (mi-public, mi-privé) sur trois ans ; onze personnes recrutées pour ce programme de recherche.
Zoom sur le vivier d'Auvergne-Rhône-Alpes
L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : 176 entreprises développant ou utilisant l’IA (75 % sur Lyon et Grenoble) dont 80 start-up. Parmi ces dernières, les plus grosses levées de fonds depuis 2014 sont les suivantes : Kalray (71 M€), Navya (68 M€), Cosmo Tech (21 M€), Diabeloop (14 M€), I-Ten (13 M€), Sentryo (13 M€), IExec (11 M€), Surgivisio (11 M€).
LA ROBOTIQUE : près de 450 acteurs (entreprises de toutes tailles, labos de recherche) ; applications : industrie, santé, éducation, événementiel, agriculture, luxe, transport, énergie...
Source : Panorama régional, Auvergne Rhône-Alpes Entreprises, janvier 2019.
Cet article a été publié dans le numéro 2368 de Bref Eco.