Avec ses jeux "Hypercasual", 8SEC vise 20 millions d'euros de chiffre d'affaires cette année contre 1,5 million en 2019.
Jusqu’ici très discret, le studio de jeux vidéo lyonnais 8SEC enregistre d’importants succès qui lui permettent de lever des fonds afin de devenir leader mondial sur son segment de jeux « Hypercasual ».
« 8SEC » car l’utilisateur doit pouvoir appréhender le jeu en moins de 8 secondes ! C’est ce que, sur mobile, on appelle le segment « Hypercasual ». Ce sont des jeux très simples que l’on peut commencer ou arrêter très rapidement et qui sont destinés à combler de courts moments d’inactivité. Et c’est donc sur ce créneau que se sont lancés en 2015, à Lyon, Louis Giraud (programmeur) et Louis Croquet (game designer) qui travaillaient jusque-là pour des sociétés de services numériques.
Étudier les datas pour adapter les jeux
Pour se démarquer, les deux associés ont choisi de créer un studio complètement intégré. « Le marché Hypercasual est d’ordinaire composé de studios qui fabriquent les jeux et d’éditeurs qui s’occupent de l’acquisition des utilisateurs, du marketing et de la monétisation. Nous avons choisi d’intégrer tout cela » détaille Louis Giraud.
Cette différence se concrétise dès le début d’un projet. 8SEC commence à développer des jeux et invite des internautes à les tester. L’entreprise analyse alors les datas liées à cette utilisation pour déterminer quels jeux sont les plus pertinents et achève le développement des plus efficaces pour les proposer ensuite gratuitement sur les stores Android et IOS.
« Globalement, un jeu sur dix sort du lot ». L’enjeu est donc de générer de très nombreux jeux et ce, très rapidement. Pour cela, le studio utilise un moteur de jeux et des process conçus en interne qui permettent de réutiliser des fonctionnalités d’un jeu à l’autre. La deuxième étape, intégrée donc, consiste à acquérir des utilisateurs via Facebook, Instagram, Google ou même via d’autres jeux.
16 millions de téléchargements pour le jeu Trivia.io
À ce jour, 8SEC a mis en ligne une centaine de jeux « dont dix tournent encore très bien », précise Louis Giraud. « Nous avons en particulier le jeu Trivia.io qui vient d’atteindre les 16 millions de téléchargements, notamment aux États-Unis, alors que le précédent record était de 1,5 million ».
Après des années à peaufiner ses process, 8SEC capitalise aujourd’hui sur ses efforts. « Nous avons longtemps généré 50 ou 100.000 euros de chiffre d’affaires mais nous avons bondi à 1,5 million d’euros en 2019 et sommes déjà à 3 millions en 2020. Nous visons les 20 millions sur l’année entière » se réjouit le cofondateur.
Ces revenus sont issus uniquement de la publicité intégrée aux jeux, et qui arrive sans prospection, via une médiation automatique générée par un logiciel (AppLovin).
1,5 million d'euros pour embaucher et accélérer
8SEC avait levé 200.000 euros pour son démarrage et a lancé récemment une nouvelle levée de fonds. C’est la société d’investissement parisienne Serena Capital qui a répondu à l’appel et investi 1,5 million d’euros. « Avec cette somme, nous allons recruter 10 à 15 personnes d’ici la fin de l’année pour porter notre effectif à 20-25 et ainsi pouvoir accélérer afin de devenir le leader mondial de l’Hypercasual » ambitionne Louis Giraud. Après ? « Nous remonterons le marché vers le Supercasuel qui correspond à des jeux un peu plus profonds, puis vers le Midcore pour des joueurs plus expérimentés ». Le tout pour fin 2021.