A 57 ans, Florent Menegaux est le deuxième président de Michelin à ne pas être issu de la famille Michelin.
A l’issue de l’assemblée générale des actionnaires de Michelin qui se tient ce vendredi à Clermont-Ferrand, Florent Menegaux sera, à 57 ans, le septième président du groupe créé en 1889.
La désignation de Florent Menegaux à la présidence du numéro un mondial du pneumatique n’a rien d’une surprise. En février 2018, un communiqué avait annoncé que Jean-Dominique Senard, président depuis 2012, ne solliciterait pas le renouvellement de son mandat en mai 2019 et que « l’ensemble des acteurs de la gouvernance de la Société » soumettrait la nomination de Florent Menegaux en tant que gérant commandité à l’assemblée des actionnaires de mai 2018. Déjà membre du Comité exécutif depuis dix ans et déjà nommé directeur exécutif en 2017, Florent Menegaux franchissait donc, il y a un an, l’avant-dernier pas de sa marche vers le bureau présidentiel.
Florent Menegaux a toutes les qualités nécessaires pour prendre ma succession… Des qualités humaines, essentielles pour Michelin
Florent Menegaux est le deuxième président de Michelin à ne pas être issu de la famille Michelin. Son prédécesseur, Jean-Dominique Senard, a été le premier : « Le groupe sera entre de bonnes mains », affirmait celui-ci dans une interview accordée en février 2018 au quotidien régional La Montagne : « Florent Menegaux a toutes les qualités nécessaires pour prendre ma succession… Des qualités humaines, essentielles pour Michelin ; une vision stratégique exceptionnelle et, parce qu’il y travaille depuis plus de vingt ans sur des postes très variés et dans différentes zones géographiques, il connaît le groupe sur le bout des doigts. C’est avec lui que j’ai préparé nos orientations stratégiques depuis quelques années ».
Une transition en douceur
Ainsi, la transition s’est faite en douceur : « Florent Menegaux a d’ores et déjà progressivement pris une part de plus en plus importante dans le pilotage du Groupe, en parfaite coordination avec Jean-Dominique Senard », rassurait un communiqué lorsqu’en janvier dernier celui-ci est devenu aussi président du Conseil d’administration de Renault. Fin mars, le futur président mettait en place un Comité exécutif Groupe (CEG) de neuf membres (dont trois nouveaux) « resserré et concentré sur les arbitrages stratégiques ».
Des poids lourds aux véhicules légers
Après des études de finance, gestion et sciences économiques, Florent Menegaux débute sa carrière chez Price Waterhouse avant d’intégrer le monde de la logistique et des transports, chez Exel Logistics France puis Norbert Dentressangle. Un univers qu’il ne quittera pas tout à fait à son arrivée chez Michelin : entre 1997 et 2005, les pneus poids lourds accompagneront son ascension au sein du groupe. Et, durant ces années, ce collectionneur de bandes dessinées se fera, à l’image de Tintin, une réputation de globe-trotteur : des îles britanniques à la « zone géographique Afrique - Moyen-Orient », en passant par l’Amérique du Sud puis l’Amérique du Nord.
De retour sur le Vieux continent en 2006, il quitte les poids lourds pour les véhicules légers. Nommé directeur de la division Tourisme Camionnette Remplacement pour l’Europe, il devient, deux ans plus tard, directeur de la Ligne Produit Tourisme Camionnette et membre du Comité Exécutif du Groupe. Il supervisera également les activités Compétition et Matériaux.
Un bon signe pour le dialogue social
« C’est un capitaine d’industrie. Il a fait les preuves de sa capacité à diriger le groupe », lance Jean-Christophe Laourd, délégué syndical central CFE-CGC, qui a fait la connaissance de Florent Menegaux il y a un peu plus d’un mois : « Les relations sociales n’étaient pas dans ses attributions. Il a invité les représentants syndicaux qui le souhaitaient à le rencontrer. Cet échange est un bon signe. Il n’est pas sûr que tous les futurs Pdg écoutent ainsi les organisations syndicales. »
Florent Menegaux a fait part à ses interlocuteurs de son intention de continuer dans la voie de Jean-Dominique Senard qui « en matière de relations sociales a fait évoluer les choses grandement », rappelle Laurent Bador, délégué central CFDT, qui indique que « cet échange a été plutôt constructif. Florent Menegaux était à l’écoute ». Jean-Christophe Laourd relève que les futures négociations seront menées par un nouveau président et des instances représentatives renouvelées : ce vendredi sont annoncés les résultats des élections en cours dans les sites français de Michelin.