Philippe Boulette-Scola a mis en place une filière française pour les filtres respiratoires.
Après avoir répondu dans l'urgence à la pénurie de filtres pour les respirateurs durant le premier confinement de mars 2020, le plasturgiste Infiplast, spécialisé notamment dans les dispositifs médicaux, a pérennisé cette activité et investit en conséquence.
C’était il y a un an. Le 16 mars 2020, le président de la République prenait la parole pour annoncer aux Français une série de mesures visant à contenir la propagation d’un mystérieux virus venu de Chine. Les hôpitaux, débordés, manquaient de matériel, de masques, de blouses, de gel hydroalcoolique, de respirateurs. Très vite, partout en France, des entreprises se sont mobilisées pour contribuer à « l’effort de guerre ». Parmi elles, Infiplast, une PME du bassin d’Oyonnax.
Créé il y a 32 ans par son dirigeant actuel, Philippe Boulette-Scola, ce fabricant de pièces thermoplastiques pour l’industrie (médical, automobile, domotique, etc.) a été du combat dès le début : « La crise de la Covid-19 a été difficile à passer. Il a fallu se reconfigurer rapidement. Normalement, lorsqu’on change de cap dans une entreprise, il faut compter entre dix et dix-huit mois. Là, en quelques semaines à peine, nous avons réussi à créer une collaboration avec deux autres entreprises pour répondre l’urgence sanitaire », explique son dirigeant.
Des filtres pour les respirateurs
Sous l’impulsion des équipes d’Hervé de Maillard (MGA Technologies) et d’Adrien Mithalal (Physio Assist ; Aix-en-Provence), Philippe Boulette-Scola se met alors « en mode commando » pour lancer une production de filtres ECH (échangeurs de chaleur et d’humidité) antibactériens et antiviraux pour les respirateurs dont manquent cruellement les hôpitaux. « Nos trois entreprises et leurs fournisseurs ont tout de suite compris que la situation était périlleuse et qu’il fallait agir », se souvient-il.
Durant quelques semaines, Infiplast et ses partenaires vont travailler de concert avec les hôpitaux, les services de l’État (Agence régionale de santé, Bpifrance, etc.), de la Région, des pôles de compétitivité et l’IFTH pour trouver les médias filtrants. « En douze jours à peine, nous avons réussi à finaliser les premiers prototypes. » Et un mois et demi plus tard, alors que la France est encore confinée, Infiplast produit 1 million de filtres pour les ARS qui les redistribuent aux hôpitaux.
Un investissement soutenu par France Relance
Les fameux filtres, qui avaient fait l’objet d’une dérogation, viennent d’obtenir leur marquage CE. C’est un vrai signe de reconnaissance pour Philippe Boulette-Scola.
En douze mois, Infiplast a créé une marque de filtres EHC et développé huit modèles. 2,4 millions d’euros ont été investis dans le projet. Une cellule robotisée de fabrication fonctionne depuis l’automne à Oyonnax. De nouvelles machines et une extension sont également au programme : « Nous arrivons à faire des produits très concurrentiels, affirme le dirigeant qui se réjouit de ramener des produits à valeur ajoutée en France. » L’investissement, soutenu par France Relance, devrait permettre de créer dix à quinze emplois d’ici dix-huit mois (la société compte à ce jour 70 salariés).
La France est armée pour faire face au rebond
En étoffant la gamme de ses filtres respiratoires, Infiplast espère que cette nouvelle activité représentera 15 à 20 % de son chiffre d’affaires dans trois ans (le chiffre d'affaires 2020 est de 14 millions d'euros), en adressant le marché européen. Philippe Boulette-Scola en est convaincu : « La France est armée pour faire face au rebond. » Attention, toutefois, aux « prix des matières premières qui s’envolent. On entre aujourd’hui dans une crise d’approvisionnement (…). Un jeu politique qui n’est pas à l’échelle des entreprises de notre taille ».
Cet article a été publié dans le numéro 2448 de Bref Eco.