Gilles Duqueine ne baisse pas les bras. Tout en se préparant au redémarrage du marché aéronautique, il prépare le développement d'une activité liée à l'automobile.
Philippe Cornaton
Fortement secoué par l'arrêt de l'activité aéronautique, liée à la Covid-19, le Groupe Duqueine guette l'éclaircie et organise sa diversification.
C'est un véritable « trou d'air » que le Groupe Duqueine, à Massieux, a subi avec la pandémie de Covid-19 ! En clouant pendant plusieurs semaines les flottes des compagnies aériennes sur les tarmacs, et en gelant de surcroît les commandes de nouveaux appareils, la crise sanitaire a provoqué une vertigineuse chute de l'activité du fabricant de pièces composites de haute technologie. « La baisse est de 60 %, c'est extrêmement violent », commente Gilles Duqueine, le patron fondateur de la société. Selon Stéphanie Burgun, la directrice générale, l'industriel n'atteindra pas 50 millions d'euros de chiffre d'affaires à la fin de 2020, soit moins qu'en 2015.
Le « mur du son » dépassé en 2019
Ce sont cinq années successives de croissance en flèche (20 % par an) que ce coronavirus a stoppé net. En 2019, l'entreprise avait même franchi son « mur du son » en dépassant les 100 millions d'euros de chiffre d'affaires (à 101 M€). Aujourd'hui, l'activité des cinq sites de production (3 en France, 1 en Roumanie, 1 au Mexique) tourne au ralenti. À Massieux (siège de la société) et à Civrieux, près de Lyon, et en Bretagne, les salariés sont presque en totalité au chômage partiel. Et les usines sont fermées le vendredi. Sous-traitant de rang 1 pour l'aéronautique (98 % de son activité !), l'entreprise est tributaire des commandes de ses principaux clients, l'européen Airbus surtout, et l'américain Boeing, auxquels il livre notamment des pièces de fuselage.
Le Groupe Duqueine n'a procédé à aucun plan de sauvegarde de l'emploi, bien qu'il ait réduit de 27 % sa masse salariale. Il s'est séparé de ses intérimaires, a taillé dans ses charges, puisé dans sa trésorerie et emprunté « pour financer les pertes d'exploitation », déclare le président-directeur général. Ce dernier est confiant dans une reprise du secteur de l'aéronautique mondial, même si les perspectives d'un retour à la normale se situent plutôt au-delà de 2025. Il mise sur la maîtrise des process technologiques et industriels (l'entreprise conçoit ses propres machines outils pour usiner les pièces composites), et son centre R & D, véritable forteresse, avec ses 80 ingénieurs, pour rester à la pointe de l'innovation.
Des diversifications au programme
La crise sanitaire a poussé Gilles Duqueine à accélérer un projet de diversification de son activité industrielle vers le marché automobile. Il se donne 24 mois pour devenir fabricant en marque propre de jantes composites. « C'est un marché de 400 millions d'unités par an », analyse la directrice générale. L'entreprise investit 4 millions d'euros pour développer des jantes plus légères que celles en aluminium - « 4 à 5 kg de moins par roue c'est 20 à 30 CV de puissance en plus pour un véhicule de 300 CV », calcule Gilles Duqueine. Une mise de fonds soutenue par un prêt de Bpifrance et une subvention de 800.000 euros de l'État dans le cadre de l'appel à projets « modernisation et diversification de la filière aéronautique ».
L'industriel dombiste annonce par ailleurs la volonté de la famille Bourrelier, repreneur de Mavic, de développer la fabrication de roues de vélo en carbone dans laquelle Duqueine intervient depuis 2005. Insignifiante aujourd'hui, cette activité pourrait, à terme représenter, 1 % du chiffre d'affaires.