Michelin fait face à une dégringolade du marché nord-américain du poids lourd.
Geneviève Colonna d'Istria
Mauvaise passe pour Bibendum. Après avoir revu la semaine dernière ses ambitions annuelles à la baisse et avoir encaissé un fort recul en Bourse, le géant clermontois annonce une baisse importante de son chiffre d’affaires trimestriel de 6,6 %, à 6,25 milliards d’euros.
Sur les neuf premiers mois de l’année 2025, les ventes du groupe se replient de 4,4 % pour s'établir à 19,3 milliards d'euros. Plombé par la dégringolade du marché nord-américain du poids lourd, qui représente 40 % de ses ventes mondiales, Michelin accuse le coup. Résultat : Florent Menegaux, son directeur général, jette l’éponge sur les objectifs financiers de 2026, initialement fixés à 4,2 milliards d’euros de résultat opérationnel et 14 % de marge.
« Je vous dois des explications », a-t-il concédé face aux investisseurs. En cause : la dépréciation du dollar, la fin d’un contrat majeur avec un distributeur américain, la hausse des droits de douane sur l’acier et le caoutchouc, et une réglementation environnementale retardée qui a freiné le renouvellement des flottes de camions. Cumulés, ces facteurs pèsent pour 500 millions d’euros sur les résultats 2025-2026.
Des inquiétudes en Europe aussi
Sur un marché saturé par les importations de pneus asiatiques à bas coût, la stratégie premium de Michelin trouve ses limites. « Il y a une déferlante de pneus chinois sur l’Europe », alerte Florent Menegaux, appelant Bruxelles à agir vite contre le dumping.
Le groupe garde toutefois le cap sur son plan de transformation : montée en gamme, électrification, diversification dans les matériaux composites et services connectés. Son objectif de 5,5 milliards d’euros de free cash-flow cumulé sur 2024-2026 est maintenu, tout comme son programme de rachat d’actions et d’actionnariat salarié.
Après avoir perdu près de 15 % en Bourse depuis janvier, Michelin reste solide mais lucide : « Cette année a été pleine de surprises… bonnes ou mauvaises », résume Florent Menegaux qui assure demeurer « confiant pour 2026 ».