Le pôle de cancérologie Rhône-Alpes-Auvergne Clara fait de la valorisation économique de la recherche un axe prioritaire de travail.
Si les initiateurs du Clara ont d’emblée voulu sortir du schéma standard de l’animation de la recherche pour “associer les forces académiques et les industriels du territoire”, rappelle Amaury Martin, son secrétaire général, la question sur la constitution d’une économie de l’oncologie amène d’abord des réponses d’ordre universitaire et scientifique. Le Clara et son environnement direct se déclinent en nombre de chercheurs (1 500), en aides publiques (180 millions d'euros), en équipes académiques et cliniques (210), en manifestations scientifiques (169) et en brevets déposés (+ 22 %). Mais ils ne peuvent pas encore être analysés en termes de chiffre d’affaires ou d’emplois industriels générés. Elles sont près de 70 entreprises aujourd’hui à avoir une activité liée à l’oncologie, cumulant 225 millions d'euros de fonds levés.
Les montants engagés dans les entreprises régionales ne pèsent pas grand chose quand l’échelle de grandeur pour constituer une big pharma est de l’ordre de la dizaine de Md€. Le cas d’Erytech à Lyon, la première start-up (avec Nanobiotix) à être passée par le sas de “preuve de concept” destinée à développer des partenariats publics-privés, est parlant. “Nous avions une idée très axée sur l’industrialisation”, se remémore son cofondateur, Yann Godfrin. Le prototype du système d’encapsulation de molécules thérapeutiques dans les globules rouges était prêt six mois avant la constitution de la société et l’unité de production opérationnelle dès 2007. Mais dix ans et 80 millions d'euros plus tard, Erytech “reste petit” malgré ses 45 salariés. Pour Amaury Martin “la vraie dynamique est dans la création d’emplois en recherche”, rappelant que si l’entreprise disparaît ou est rachetée, “l’expertise reste et la culture de l’échange avec l’économique se met en place”.
Le secrétaire général du Clara hésite un moment : “L’industrialisation ? On peut en parler pour au moins trois sociétés dans les dispositifs médicaux. Mais dans les molécules, les processus sont beaucoup plus longs !” Edap TMS à Lyon (ultra sons focalisés), Endocontrol (dispositifs d’aide à la chirurgie) et Fluoptics (marqueurs fluorescents pour les tumeurs) à Grenoble sont les rares à être entrées dans un cycle de production à grande échelle. La recherche médicale est une affaire de patience et de capitaux comme le rappelle Andrei Popov, dirigeant d’Ecrins Therapeutics (La Tronche) : “C’est la course contre la montre dès que le brevet est déposé. Nous avons alors vingt ans devant nous”. Mais la R&D prend entre 12 et 14 ans ; il reste donc “au mieux six ans pour récupérer l’investissement”.
Vincent Riberolles
Photo : ©Paretson@free.fr. Amaury Martin, secrétaire général.
Bref Rhône-Alpes n° 2205 du 10/06/2015
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