Comment le cerveau mémorise-t-il les sons ou évalue-t-il les odeurs ? Quel est l’impact de la pollution lumineuse sur le sommeil ? Comment cela influe-t-il sur les comportements et les relations sociales ?
Eric Le Roux / Université Claude Bernard Lyon 1
Moyennant un investissement de 21 millions d'euros, l’ensemble des équipes du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (400 personnes), auparavant disséminées, ont été regroupées au sein du Neurocampus du Vinatier.
Emotion, sommeil, méditation, mémoire… mais aussi douleur, migraine, dépression, autisme, épilepsie, schizophrénie, Alzheimer : autant d’états et de maladies qui trouvent leur origine dans le cerveau. Comprendre le fonctionnement et les dysfonctionnements de l’organe le plus complexe de notre corps, à l’origine de nos comportements : voilà l’un des défis les plus importants auquel la recherche en médecine sera confrontée dans les décennies à venir, pressée par le vieillissement de la population. « Un tiers d’entre nous devra faire face à ce genre de maladies dans sa vie ; un million de personnes en souffrent déjà aujourd’hui, sans compter leurs aidants ; le coût annuel pour la société française est évalué à 100 milliards d’euros », expliquait Bernard Poulain, du CNRS, lors de l’inauguration du Neurocampus de Bron, mi-novembre. Les maladies neurologiques représenteront prochainement une des premières causes de mortalité. Un « fardeau majeur » pour la société et une « cause nationale prioritaire ».
A question abyssale, moyens exceptionnels
Les troubles du cerveau constituent un sujet de recherche d’une infinie complexité. Avec 250.000 neurones et quatre kilomètres de connecteurs par millimètre cube, soit un million de milliards de contacts (!), chaque cerveau humain constitue un monde en lui-même, d’une sophistication vertigineuse. A question abyssale, moyens exceptionnels : les représentants du CNRS, de l’Inserm et de l’Université ont saisi l’occasion pour faire un appel du pied aux politiques et représentants de l’Etat présents à l’inauguration, pour des financements futurs en matière d’équipement de recherche.
Le nouveau Neurocampus regroupe, sur le Centre Hospitalier du Vinatier (Pôle de Santé Est de la Métropole), l’ensemble des équipes du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (CNRL), auparavant disséminées sur quatre sites de l’agglomération. L’idée avait été portée, au début des années 2000, par Michel Jouvet, grand neurobiologiste spécialiste du sommeil paradoxal et fondateur de l’école lyonnaise des neurosciences, sur une idée simple déjà appliquée en entreprise : faciliter les échanges entre recherche fondamentale et enjeux cliniques grâce à une plus grande proximité des chercheurs et praticiens hospitaliers. Le Neurocampus mutualise ainsi des moyens et fera jouer les synergies entre les équipes. Par ailleurs, il améliorera la visibilité internationale de Lyon en matière de neurosciences, pour l’amener au même niveau que l’oncologie et l’immuno-virologie.
Création d’entreprises
La valorisation économique des découvertes du Neurocampus est aussi dans l’esprit de ses promoteurs. La start-up Gaoma Therapeutics, constituée en février 2019 et soutenue par l’accélérateur Pulsalys, en est une illustration. Elle développe des composés à visée thérapeutique pour l’épilepsie et les processus inflammatoires cérébraux.
ZOOM sur LE NEUROCAMPUS DE LYON
Le Neurocampus est un bâtiment de recherche de 7.000 m2 dont l’investissement s’est élevé à près de 21 M€ (Métropole de Lyon : 12 M€ ; Etat : 4,6 M€ ; Région : 4,3 M€). Il abrite le Centre de recherche en neurosciences de Lyon (CNRL) qui regroupe près de 400 personnes réparties dans quatorze équipes de recherche.
Cet article a été publié dans le numéro 2391 de Bref Eco.