Souvenez vous, l'affaire avait fait le buzz en France… et ailleurs ! C'était en été 2011 et le groupe belge Ontex venait d'annoncer la fermeture de son usine d'Arnas, près de Villefranche-sur-Saône, avec 187 licenciements à la clé. Non sans humour et en guise de baroud d'honneur, les salariés avaient alors envoyé en courrier recommandé un colis de 187 couches culottes, spécialité du site industriel caladois, à… Carla Bruni-Sarkozy, alors enceinte.
Selon la loi, toute entreprise de plus de mille salariés en Europe qui procède à des licenciements collectifs a obligation de mener des actions pour recréer de l'emploi sur le territoire impacté. Concrètement, la société signe une convention avec l'Etat et paiera une indemnité de revitalisation comprise entre deux et quatre fois le Smic par poste supprimé. Cette somme, qui vient s'ajouter aux primes de licenciement, est alors utilisée pour créer localement autant d'emplois que la fermeture de l'usine n'en a supprimés.
C'est le cabinet Katalyse (1) qui a été mandaté par la préfecture du Rhône pour mener à bien cette mission. Son objectif : “détecter les entreprises les plus prometteuses et stimuler leurs projets créateurs d'emplois”, explique Isabelle Mercier, directrice du bureau Katalyse de Lyon. Une action appuyée par les partenaires du territoire : Agglomération de Villefranche, CCI, Chambre de métiers, etc. Isabelle Mercier raconte : “Nous avons rencontré près de cinquante entreprises en deux ans. Et 32 parmi leurs projets d'innovation, de diversification ou de développement interne ont été accompagnés. Ils dormaient souvent dans un tiroir, faute de ressources propres ou de capacité d'emprunt, phénomène classique chez les PME”. Autant de relais de croissance qui ne demandaient qu'à être structurés, puis aidés financièrement.
Mission réussie : fin 2015, le bilan est de 215 emplois créés localement. C'est Noel Métal, au bord du dépôt de bilan, qui a ainsi été redressé et a recruté 18 personnes (49 salariés aujourd'hui). C'est une jeune entreprise de linge de maison dont la dirigeante a embauché cinq salariés. Ou encore Buisson Effilochage qui a pu installer une nouvelle ligne de production et créer sept emplois. On pourrait encore citer Emball'Iso (sept emplois créés) ou encore Cepovett (25 emplois créés). “Ces nouveaux postes de travail n'auraient sans doute jamais vu le jour sans ce soutien”.
Autre opération réussie : l'agglomération de Villefranche a pu racheter à bon prix l'usine abandonnée par Ontex, soit quelque 21 000 m² de bâtiments sur trois hectares. Elle y a installé une pépinière d'entreprises (quinze emplois générés) et devrait y déployer d'autres projets, peut-être un pôle numérique.
Le compte est plus que bon, donc, avec des emplois suscités à 60 % dans des entreprises traditionnelles, en particulier dans la métallurgie, le textile, l'électricité ou encore le BTP. Une sortie par le haut qui, généralement, n'est jamais commentée ni mise en valeur. Voilà qui est fait (2).
Didier Durand
@didierldurand
(1) Katalyse est un cabinet conseil détenu par 25 consultants permanents répartis sur cinq bureaux : Lyon, Nantes, Paris, Strasbourg et Toulouse.
(2) Par ailleurs, c'est le cabinet Altedia qui a été chargé du reclassement des salariés licenciés par Ontex.
Bref Rhône-Alpes Auvergne n° 2236 du 02/03/2016
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