Fanny Deleage et Jim Goudineau ont fondé la Tannerie végétale avec un troisième associé, Yvan Chalamet.
S.Polette
Installée pour l'instant à Meyzieu, la Tannerie Végétale entend proposer une alternative au cuir animal, fabriquée à partir de graines. Dans quelques mois, elle entamera une véritable production industrielle de son produit.
Docteur en sciences des matériaux, Fanny Deleage a mis au point un cuir 100 % végétal et recyclable fabriqué à base d’extraits de graines, transformées en poudre et en liquide puis malaxées, sans consommer d’eau, selon une recette et un procédé brevetés. « Nous proposons aux fabricants d’articles de cuir, plutôt dans le domaine du luxe et axés sur une mode éthique, une alternative au cuir animal et au simili consommateur de pétrole », explique celle qui mène ses recherches au sein du laboratoire IMP (Ingénierie des matériaux polymères) de l’Université de Saint-Etienne depuis 2019.
Quasiment au point, le cuir de La Tannerie Végétale présente les propriétés mécaniques et esthétiques attendues par le marché pour fabriquer de la maroquinerie, des chaussures mais aussi du mobilier. « Nos cuirs proposent épaisseurs et souplesses différentes, peuvent être embossés, mats ou brillants et aux couleurs naturelles en fonction de la matière première utilisée », précise Fanny Deleage.
Des ambitions internationales
Si un premier atelier de fabrication, avec son propre parc machines, sera installé « entre Lyon et Saint-Etienne » courant 2022, pour lancer la fabrication à l’échelle industrielle, La Tannerie Végétale ambitionne de s’implanter à l’international et d’utiliser les ressources locales : « Le maïs au Brésil ou le riz en Chine », cite la dirigeante.
L’empreinte environnementale de La Tannerie Végétale est essentielle pour ses cofondateurs. La fabrication d’un article dans une peau animale engendre environ 40 % de chute ; dans le cuir synthétique, le ratio est ramené à 10‑15 %. « Les cuirs de la Tannerie Végétale ne génèrent aucun déchet car les chutes peuvent être remalaxées et réutilisées. »
Lauréate d’i-Lab 2021, la jeune entreprise, créée en février 2020, incubée à Manufactory (Université Jean Moulin Lyon 3) et dont Pulsalys est actionnaire (5 %), prépare une levée de fonds afin de financer son outil industriel nécessitant un investissement de « quelques millions d’euros »
Cet article a été publié dans le numéro 2465 de Bref Eco.