"L'antibiorésistance tue environ 1,27 million de personnes dans le monde chaque année et on estime que, d'ici 2050, on pourrait compter 10 millions de décès", explique Michel Pairet qui dirige l’unité Innovation de Boehringer Ingelheim.
Boehringer Ingelheim, Evotec et bioMérieux s'associent pour créer la joint-venture Aurobac Therapeutics SAS. Cette coentreprise, basée à Lyon et qui bénéficie de 40 millions d'euros, veut donner naissance à la prochaine génération d’antimicrobiens afin de lutter contre l'antibiorésistance.
« Une menace majeure et mondiale pour la santé humaine ». C'est ainsi qu'est définie l'antibiorésistance par Boehringer Ingelheim, laboratoire biopharmaceutique, Evotec, société de recherche active dans le domaine des maladies infectieuses, et bioMérieux, acteur du diagnostic in vitro, pour justifier la création de la société Aurobac Therapeutics SAS. Cette dernière « bénéficiera des expertises des trois entreprises fondatrices pour élaborer une nouvelle approche de médecine de précision, depuis le diagnostic jusqu’à la thérapie » dans l’objectif de lutter contre l'antibiorésistance.
« Des interventions chirurgicales de routine, comme les césariennes ou les implants de prothèses de hanche, peuvent par exemple mettre en danger la vie du patient et les complications provenant de maladies ou accidents de la vie courante (diabète, blessures, coupures) sont devenues plus difficiles à gérer en raison de l'antibiorésistance », expliquent les trois partenaires dans un communiqué de presse.
D'ici 2050, on pourrait compter 10 millions de décès en raison de l'antibiorésistance, ce qui la rendrait plus mortelle que le cancer.
« L'augmentation des infections résistantes aux antibiotiques – ou antibiorésistance – constitue une crise mondiale imminente, estime Michel Pairet, qui dirige l’unité Innovation de Boehringer Ingelheim et membre du comité de direction. L'antibiorésistance tue environ 1,27 million de personnes dans le monde chaque année et on estime que, d'ici 2050, on pourrait compter 10 millions de décès en raison de l'antibiorésistance, ce qui la rendrait plus mortelle que le cancer. »
Aller vers une approche de précision
Aurobac, qui sera basée à Lyon, travaillera à faire évoluer la stratégie liée aux schémas thérapeutiques actuels qui reposent sur des approches empiriques utilisant des antibiotiques à large spectre et non ciblés. L'objectif est d’aller vers une démarche de précision, utilisant de nouvelles solutions très efficaces, ciblées, associées à des diagnostics rapides et exploitables. Il s’agit d’identifier rapidement les pathogènes et leurs profils de résistance, dans le cadre de nouveaux modèles économiques.
« Notre rôle au sein de la coentreprise consiste à développer et à commercialiser des tests de diagnostic, notamment des tests compagnons, pour fournir des résultats rapides, fiables et exploitables. Cette participation dans Aurobac s'inscrit parfaitement dans l'engagement global de bioMérieux pour préserver l'efficacité des antibiotiques au bénéfice des générations futures », explique Alexandre Mérieux, Pdg de bioMérieux, engagé de longue date sur le sujet de l'antibiorésistance à travers notamment le projet Arpège.
40 millions d'euros
Aurobac est financée par Boehringer Ingelheim en tant qu'investisseur principal à hauteur de 30 millions d'euros, et par Evotec et bioMérieux à hauteur de 5 millions d'euros chacun.
De son côté, le laboratoire pharmaceutique Boehringer Ingelheim s'est engagé, vis son fonds de capital-risque, à investir jusqu'à 12 millions d'euros dans des sociétés spécialisées dans les infections liées à l'antibiorésistance.