Les Laboratoires Théa réalisent, en toute discrétion, un parcours sans faute dans le traitement des maladies ophtalmologiques. Ils sont aujourd’hui en troisième position sur le marché européen du traitement des yeux (7ème au niveau mondial), avec une gamme de produits contre les allergies, la sécheresse oculaire, le glaucome, l’herpès, les infections, les inflammations, etc. A leur tête, Henri Chibret et son neveu Jean-Frédéric prolongent une dynastie qui constitue l’un des piliers de l’histoire industrielle de Clermont-Ferrand.
La saga familiale commence au XIXème siècle avec Paul, médecin militaire passionné par la pathologie des yeux, fils spirituel de Pasteur et créateur de la Société Française d’Ophtalmologie. Les Laboratoires Chibret, fabricant de pommades, sont créés en 1902 par son neveu Henry dont le fils Jean, lui aussi pharmacien, fera passer l’activité au stade industriel après la Seconde Guerre mondiale, avec le développement des collyres (antibiotiques, corticoïdes…). Celui-ci finira par céder l’entreprise au groupe américain MSD (1969). Deux enfants poursuivront cependant la voie : Jacques, en créant Biophysic Medical, concepteur de lasers et échographes ophtalmiques et Henri, fondateur de Transphyto (1978), puis des Laboratoires Théa (1994), lesquels fusionneront une décennie plus tard sous un seul nom.
Société de recherche et développement, Transphyto vivra d’abord des revenus issus de ses brevets. Mais avec la création de sa propre marque Théa, Henri Chibret crée les conditions d’un véritable décollage : en vingt ans, le nouvel ensemble va passer de quelques dizaines à un millier de salariés. Dès lors, les innovations vont se multiplier. Nouvelles molécules, mais aussi nouveaux conditionnements, comme le flacon Abak® qui, grâce à un tampon inséré dans l’embout, empêche toute contamination et permet de se passer d’agents conservateurs dans les collyres.
L’innovation (60 personnes à Clermont) n’empêche pas Théa d’externaliser une partie de sa R&D en passant des accords avec des start-up, des instituts ou labos, tout en se gardant les activités confidentielles. Ni d’acquérir des médicaments créés par d’autres (gamme Novartis en 2009) ou de racheter des laboratoires pour accélérer le déploiement de la marque à l’étranger. De fait, l’expansion internationale de la société familiale est remarquable : distribuée dans le monde entier, elle dispose d’une vingtaine de filiales commerciales européennes. L’an dernier, elle en a ouvert une au Mexique et une au Maroc, après la Russie en 2013. Et les Etats-Unis sont toujours en ligne de mire.
Didier Durand
@didierldurand
*La fabrication, quant à elle, est confiée à des façonniers, exception faite de deux sites industriels dédiés à des produits stratégiques : l'un en Italie, l'autre à La Rochelle (Charente-Maritime), détenus en propre.
>> Laboratoires Théa :
Bref Rhône-Alpes Auvergne n° 2243 du 27/04/2016
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