Bruno Helfre, directeur Orange Entreprises Auvergne-Rhône-Alpes.
Les télécoms sont sursollicitées depuis le début du confinement. Chez Orange, Bruno Helfre, directeur Entreprises Auvergne-Rhône-Alpes, indique que le réseau est prévu pour absorber des pics d’utilisation. Moyennant des ajustements d’offres et des manipulations matérielles et logicielles en raison de la spécificité de la demande actuelle, la charge est absorbée sans encombre.
Bref Eco : Qu’avez-vous observé sur vos réseaux au jour du confinement le 16 mars ?
Bruno Helfre : Nous avons bien entendu observé une augmentation de la demande qui a été très forte et très rapide pendant quinze jours puis nous avons atteint un plateau. Par rapport à la normale, nous constatons aujourd’hui un doublement de la voix sur mobile et une augmentation de 30 % de l’utilisation d’internet sur l’ensemble de notre réseau.
En outre, il y a toujours des pics d’audience qui correspondent au lancement de jeux en ligne ou au démarrage d’une série. Le lancement de Disney + a d’ailleurs été reporté pour éviter une saturation des réseaux.
Bref Eco : Qu’est-ce que cette augmentation des trafics a engendré pour vous ?
Bruno Helfre : Nous avons dû intervenir pour garantir les réseaux avec certaines priorités. A commencer par les opérateurs d’importance vitale (OIV), comme les Samu, les services d’incendie et de secours, les CHU et hôpitaux pour lesquels nous avons augmenté les capacités. Pour le Samu par exemple, en 24 heures, nous avons augmenté la capacité de traitement de 120 à 240 appels simultanés.
Concrètement, nous ajoutons physiquement du réseau et nous augmentons la bande passante par des interventions sur le matériel et les logiciels. C’est en fait une évolution de l’offre commerciale des clients. Après les OIV, nous avons travaillé pour permettre aux entreprises de continuer à fonctionner puis nous avons traité les demandes non urgentes.
Le télétravail a été multiplié par dix
Bref Eco : La grande nouveauté, c’est l’explosion du télétravail ?
Bruno Helfre : En effet, nous avons constaté une mise en place massive du télétravail qui a été multiplié par dix. Nous avons dû là aussi intervenir pour s’assurer que le réseau soutienne cette charge de manière sécurisée. Il a également fallu faciliter les collaborations à distance : le nombre de demande de solutions collaboratives a été multiplié par deux. Enfin, nous nous sommes organisés pour assurer la relation client.
Par exemple, une structure s’est proposée pour aider le Samu grenoblois à traiter les appels et nous avons créé un numéro dédié en 24 heures. Nous avons aussi mis en place, en une semaine, des sites web collaboratifs d’entraide à la demande de collectivités comme la Métropole de Lyon, Villeurbanne ou Grenoble.
Bref Eco : Le réseau a finalement totalement supporté l’explosion de la demande…
Bruno Helfre : Oui. Nous sommes habitués à de fortes demandes ponctuelles, notamment lors des événements sportifs. Le réseau est paramétré pour cela. La différence ici réside d’une part dans le caractère continu de la demande et d’autre part dans sa localisation puisque, avec le télétravail, les gens ne sont plus au même endroit et il a fallu reconfigurer le réseau à ce titre. Nous avons renforcé nos équipes de supervision du réseau pour observer les flux en temps réel, anticiper les besoins et les risques.